L'information a commencé à circuler lors de la séance plénière à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) dédiée au vote du nouveau ministre de l'Intérieur, Hichem Fourati. Le jour du vote en question au Parlement, plusieurs députés nous avaient affirmé que le bloc d'Al Horra d'Al Machroû allait connaître cinq lourdes démissions imminentes. Quelques jours plus tard, l'information s'est confirmée avec le départ de Sahbi Ben Fredj, Leila Chettaoui, Marouen Felfel, Souhail Alouini et Houda Slim. Les députés dissidents d'Al Machroû ont expliqué que leur démission est irréversible indiquant que la gestion du bloc parlementaire et du mouvement ne respecte aucune démocratie interne et que cela a été prouvé surtout lors du vote en faveur du nouveau ministre de l'Intérieur. Les signataires de la démission ont assuré qu'il n'était plus possible pour eux de continuer à travailler au sein d'Al Machroû puisqu'ils ne sont plus en harmonie avec leurs collègues. Réagissant à cette démission, le président du bloc d'Al Horra a signé un communiqué expliquant que si les cinq députés en question ont choisi de quitter le navire c'est surtout pour être plus près du pouvoir exécutif et du chef du gouvernement, Youssef Chahed. Le communiqué du bloc indique en effet que les cinq dissidents ont tenté, au cours des dernières semaines, de convaincre leurs collègues de l'utilité d'être proches du gouvernement en expliquant qu'il s'agit là d'une garantie pour les prochaines élections. Ayant échoué à faire passer leurs plans, les intéressés ont donc préféré quitter le navire. Le communiqué précise par ailleurs que l'argument de l'inexistence d'une démocratie interne au sein d'Al Machroû est infondé puisque le règlement interne du parti, signé aussi par les démissionnaires, stipule clairement qu'aucune décision ne peut être prise sans que l'ensemble des dirigeants ne soient d'accord sur la question. Pour conclure, le communiqué a accusé des parties proches du chef du gouvernement d'être derrière ces pressions dont certaines aboutissent, comme c'est le cas pour les cinq démissions en question, tout en expliquant que le paysage politique tunisien ne peut pas être construit sur des pratiques pareilles. Au-delà de qui a raison et de qui a tort, les cinq nouvelles démissions d'Al Machroû sont bien réelles et leur poids d'une importance suprême ; perdre cinq députés d'un coup dans une période politique aussi cruciale que celle-ci ne peut qu'affaiblir Mohsen Marzouk et son parti qui a des ambitions politiques bien grandes. Avec le départ de ces cinq figures, et surtout la démission de Sahbi Ben Fredj qui a réussi à se faire un nom qui pèse sur la scène, Mohsen Marzouk sera obligé de coopérer et de chercher de nouvelles alliances ; cela tomber merveilleusement bien puisque le secrétaire-général d'Al Machroû a été, à maintes reprises, appelé à rejoindre son ancien mouvement, Nidaa Tounes. Des appels lancés du côté du clan du fils du président de la République, Hafedh Caïd Essebsi, et Marzouk, qui s'est toutefois dit désintéressé par une fusion mais plutôt assez concerné par une alliance ou un rapprochement, commence à perdre ses options de négociations ce qui le mettra, peut-être, dans une position délicate pouvant l'amener, comme vient de le faire Ridha Belhadj, à revenir au Nidaa sans poser trop de conditions. Affaire à suivre.