La visite de Mustapha Ben Ahmed et de Walid Jalled au palais de Carthage – où ils ont été reçus par le président de la République – n'a laissé personne de marbre et certains y ont même vu l'annonce d'un nouveau virage au sein du Mouvement Projet Tunisie. Le résultat ne s'est pas fait trop attendre et cela a commencé avec Walid Jalled – pourtant l'un des premiers à avoir soutenu le projet et son initiateur, Mohsen Marzouk – qui a quitté, samedi dernier, les journées parlementaires du bloc d'Al Horra tenues à Sfax. Dans un post publié sur sa page officielle, le député a exprimé son étonnement quant à l'accélération du changement du nom du bloc et de son caractère indépendant. Pour Jalled, ce passage en force vise en réalité à camoufler d'autres divergences et défaillances au sein du parti. Intervenant sur les ondes de Shems FM, le député est revenu sur ces défaillances et son intervention se résume en deux mots: Mohsen Marzouk. En effet, Walid Jalled a mis l'accent sur la posture du secrétaire-général du MPT en expliquant qu'il tente de s'approprier un pouvoir qui dépasse toutes les instances du parti et qu'il ne travaille que pour sa propre image. Bien que Jalled n'ait pas évoqué une éventuelle démission, il serait difficile de l'imaginer retravailler avec Marzouk après des déclarations aussi provocatrices. Commentant cet incident, le membre du bureau politique du MPT, Mehdi Abdeljawed, a estimé, dans une déclaration accordée à la TAP que Walid Jalled et Mustapha Ben Ahmed (qui a eu la même position lors des Journées parlementaires) ont réagi d'une manière illogique et contraire à la nature même de l'action politique. Quelques heures après le débat, le bloc a publié un communiqué, signé par son président, Abderraouf Cherif, où il annonce son nouveau nom qui est devenu « le bloc du Mouvement Projet Tunisie, Al Horra ». De cette manière, le MPT a décidé de clore le débat et de passer à autre chose. Toutefois, il est difficile de penser que les dégâts s'arrêteront là puisque des bruits commencent à circuler annonçant la démission de Walid Jalled, Mustapha Ben Ahmed et Mondher Bel Hadj Ali. Si ces démissions venaient à se confirmer, cela nous renverrait à la déclaration de Mohsen Marzouk lorsqu'il avait parlé de « cellules nidaïennes dormantes au sein du MPT ». Mohsen Marzouk a toujours été critiqué, même par ses compagnons, pour son côté autoritaire. Avant même qu'il ne lance le MPT, Tahar Ben Hassine avait déclaré, ironiquement, que Mohsen ne peut même pas collaborer avec Marzouk. Cependant, plusieurs de ceux qui travaillent actuellement avec lui ne cessent d'expliquer que, grâce au dialogue, la situation demeure sous contrôle. Que des dirigeants décident de quitter le navire alors qu'il a à peine quitté le bord cela est relativement ordinaire. Cependant, ce qui laisse perplexe, c'est cette manière de présenter les choses : le changement du nom du bloc en question a toujours été posé et il ne s'agissait que d'une question de temps change pour que le rapport avec le MPT soit direct. Secundo, ce genre de protestations aurait été compréhensible si cela avait été fait par l'un des députés indépendants d'Al Horra, à l'instar de Bochra Bel Hadj Hamida. La complexité et l'opacité des arguments avancés par Walid Jalled suscitent beaucoup d'interprétations et remettent en question toute la logique du fondement du MPT. Si Al Horra venait à vivre de nouvelles démissions, cela aurait des effets sur le parti et peut-être le Front pour lequel est en train d'œuvrer Mohsen Marzouk et quelques autres acteurs politiques.