Les gens pensent toujours qu'il y a une rivalité entre le Festival International de Carthage et celui de Hammamet. Peut-être à une époque bien lointain, car, actuellement, Hammamet, comme on l'appelle familièrement, s'est donné un nouvel objectif, vers lequel, et nous l'espérons, il maintiendra le cap : mettre en avant les jeunes musiciens et artistes tunisiens. L'idée n'est pas nouvelle en soi puisque depuis belle lurette on entendait «il faut mettre nos jeunes artistes en avant». Pas évident quand des festivals préfèrent miser sur des «stars» étrangères, même de seconde zone, pour faire une entrée d'argent conséquente, au lieu de faire découvrir des jeunes talents tunisiens.Et certains événements culturels se sontcassé le cou en programmant des pseudo-artistes, notamment arabes, qui ont fait un bide total. D'autre part, les médias de chez nous n'aident pas beaucoup les jeunes artistes à se mettre en avant, préférant mettre en avant des artistes qui n'ont pas besoin de l'être, afin de faire le scoop, le buzz, ou tout ce que vous voulez, ou de mettre en avant de pseudo-artistes. Pourtant, il y a des personnes qui pensent à ces jeunes, qui, soit dit en passant, ont un véritable talent mais n'ont pas eu la chance de le montrer. Ces personnes, pour différentes raisons, permettent à la nouvelle génération d'artistes et notamment de musiciens de faire leur preuve devant un public. On peut citer l'exemple de Hamdi Makhlouf, qui, pendant trois ans, a été à la tête des Journées musicales de Carthage (JMC) et qui a su ouvrir la porte aux jeunes professionnels de la musique, bien qu'au départ, et par une volonté d'en haut lieu, les JMC n'étaient pas destinées à la nouvelle génération de musiciens mais à toutes les générations confondues, en axant sur les «anciens», qui, de nouveau, n'en ont pas besoin. Cette année, le Festival International de Hammamet a su donner la chance à de jeunes artistes et leur a ouvert sa scène. Mais soyons quand même clairs sur une chose : c'est du donnant-donnant puisque les deux parties ont fait des efforts. Le festival en sélectionnant la nouvelle génération de musiciens tunisiens et cette dernière en acceptant de diminuer son cachet initial. Accord tacite qui a convenu à tout le monde, même au public puisqu'il a fait des découvertes musicales, loin de celles (pour la plupart nauséabonde) qu'on lui sert à la télé et sur certains radios. Il faut ajouter à cela que la programmation de ces jeunes musiciens était variée. Même s'ils se sont partagés les soirées, à savoir deux groupes ou artistes par soirées programmées, il n'en reste pas moins que la qualité a été à la hauteur et que les styles différaient. Si l'on prend la soirée du 8 août, il y avait au programme Zied Zouari et Bader Dridi ; deux jeunes artistes tunisiens mais deux styles complètement différents, presque aux antipodes, non seulement dans les rythmes, dans les sonorités, dans les instruments et leur utilisation, et surtout dans l'approche du patrimoine tunisien. Il en est de même de la soirée du 14 août qui a réuni, en première partie, Yuma, et, en seconde, le projet «Dendri» de Mohamed Khachnaoui. Cependant, même si le Festival international de Hammamet a eu l'intelligence de programmer «jeunes», il n'en reste pas moins que les aides et subventions émanant du ministère des Affaires culturelles ne sont, officieusement, pas destinésà ces jeunes artistes qui pourtant y déposent des dossiers ; le ministère préférant miser sur les «anciens». Le Festival international de Hammamet a montré que l'on pouvait compter sur la nouvelle génération de musiciens tunisiens sans s'y casser les dents. Il faudrait peut-être que les autres événements culturels pensent à faire de même.