Le récent récital donné par la chanteuse libanaise Mejda Erroumi dans le cadre du 54è festival de Carthage n'a pas laissé indifférents les mélomanes. Ces derniers s'attendaient, en effet, à une performance bien meilleure que celle réservée par cette star de la chanson libanaise et arabe à son public tunisien fidèle qui s'est renouvelé durant les trente cinq années que compte la carrière professionnelle de cette chanteuse. Et nonobstant l'histoire du cachet « royal » qu'aurait reçu ou non Mejda Erroumi, étant donné que notre page culturelle n'est pas une page économique ou financière, cela s'entend et hormis les inconditionnels, voire le public choriste et danseur à souhait, qui ne se soucie guère de la qualité de la voix de l'artiste sur scène, ses autres fans qui ont gardé une oreille musicale et qui sont venus de plusieurs villes de la Tunisie, n'arrivaient pas à croire ce soir-là que la même « Mejda » de la chanson arabe ait pu perdre la tonalité, voire la beauté traditionnelle et le timbre de sa voix. Cette dernière aurait-elle commencé à prendre un coup de vieux ? Car faut-il toujours travailler sa voix chez un chanteur ou une chanteuse qui se respecte et que le public le lui rend de toute évidence. Car il y'a et il y'a eu des crooners et des cantatrices qui ont gardé leur voix presque intacte jusqu'à un âge très avancé comme chez Oum Kalthoum, Wadii Essafi, Sabah Fakhri et un peu moins Sabah, du moins au Moyen Orient. Mejda Erroumi avait quelque part une voix enrouée et fatiguée, pour ainsi dire. Elle est peut-être devenue seulement une bonne chanteuse de studio, mais pour la scène, cela lui a posé une « colle. » De plus, elle n'avait pas trop bougé sur scène comme à son accoutumée. Elle a chanté plusieurs chansons tunisiennes du terroir. Les nouveautés se comptaient à peine sur les doigts d'une main et le public était resté sur sa faim. Ces nouvelles chansons n'étaient point comparables à ses anciens succès dont elle a repris quelques-uns durant la soirée. On s'attendait à d'autres anciennes et belles chansons. Mais en vain. Une question se pose alors d'elle-même : comment garder, chez un chanteur ou une chanteuse, sa notoriété, sa voix, son succès malgré le nombre des années ? Certes, les coups de chance passent parfois par là avec une voix qui persiste et reste « jeune » ou qui « vieillit » bien grâce en plus au travail que doit effectuer l'artiste. Et en attendant de meilleurs résultats, Mejda Erroumi a failli rater le coche lors de son unique concert au festival de Carthage, version 2018.