La fête était totale pour tout le monde vendredi soir à Carthage. L'amphithéâtre était plein à craquer, ce qui n'était pas pour déplaire aux organisateurs ni à Majda Erroumi et sa troupe. Le public, composé dans son immense majorité de jeunes de plus de 25 ans, s'est donné à cœur joie sur les gradins et a épargné à la vedette libanaise comme au chœur de son orchestre de chanter en entier les airs programmés. Il en eut pour son argent aussi, puisque Majda Erroumi le gratifia de sa plus belle voix et de ses chansons les plus savoureuses. Pour l'artiste, la promesse de fêter de fort belle manière ses trente années d'amour passées avec le festival de Carthage, fut largement tenue. Et elle ne cessait, au cours du spectacle, de montrer l'immense plaisir qu'elle éprouvait en célébrant cet anniversaire au milieu de plus de 10.000 spectateurs venus à leur tour communier avec la jeune diva du pays du Cèdre. Noces de perles D'ailleurs, le drapeau libanais a flotté au-dessus des têtes vendredi soir au moment même où, sur scène, Majda embrassait longuement l'étendard tunisien. De plus, elle arbora successivement une coiffe libanaise et une autre tunisienne en reprenant « Ana Itazalt el gharam » et chanta tour à tour en libanais, en arabe littéraire et en Tunisien. Pour remercier son public d'être au rendez-vous, elle lui parla tantôt dans sa langue à lui tantôt dans la sienne. Noces de perles, c'est ainsi qu'on appelle les unions trentenaires. Vendredi dernier, l'amphithéâtre romain de Carthage s'offrit comme l'espace idéal pour commémorer, bénir de nouveau et perpétuer la belle idylle de 1980. L'anniversaire se déroula dans d'excellentes conditions et aucun débordement n'en a terni l'ambiance festive et jouissive. Le maintien très élégant de Majda sur scène est pour beaucoup dans le succès de cette soirée qui rappelait en plusieurs points le récital de Charles Aznavour en 2009. Nous pensâmes même, au milieu du gala d'avant-hier, à baptiser sa star « Majdaznavour », voire « Majdaznamour » tant la vedette libanaise dispensait généreusement mais avec une exquise délicatesse les délices de son grand art et de sa belle musique. Badreddine BEN HENDA ---------------------------- Les à-côtés * Comme elle l'a elle-même annoncé au cours de sa conférence de presse de mardi, Majda Erroumi ne chanta aucun air nouveau, spécialement conçu pour la 46ème édition du Festival international de Carthage. En tout, elle reprit plus de 20 chansons dont Asslama Ya Tounès par laquelle débuta le concert, et puisa ensuite les autres mélodies dans son répertoire propre et dans le patrimoine musical libanais, pour terminer le gala avec quelques unes des plus belles chansons de Saliha et de Hédi Jouini. *Pour les journalistes, les entretiens avec l'artiste ne furent possibles ni avant, ni après son récital. Néanmoins, quelques uns d'entre eux s'en consolèrent en interviewant l'impresario de la chanteuse ou certains de ses accompagnateurs. Il faut remarquer par ailleurs que l'entrée à l'enceinte des chaises ne fut autorisée qu'à quelques privilégiés des chaînes de radio et de télévision. Les autres journalistes prirent inconfortablement place parmi les spectateurs des gradins. *Le spectacle qui a commencé à l'heure (22 h.) s'est poursuivi sans interruption jusqu'à minuit. Pendant tout ce temps, Majda Erroumi chantait, un bouquet de jasmin à la main. Un gros bouquet de fleurs lui a été offert au milieu du spectacle. *Lorsque défilaient sur l'écran géant de l'amphithéâtre les images de la bande-annonce du festival, les spectateurs applaudirent les séquences sur les soirées de Moqdad Shili, Nabiha Karaouli, Sabeh Fakhri, Kadhem Essaher, Samira Saïd, Saber Rebai, Ragheb Alema, Eros Ramazzoti, Lotfi Bouchnaq et Zied Gharsa. Il y a bien des déductions à en tirer concernant les préférences de ce public et l'accueil qu'il réservera à ces artistes en particulier le jour où ils donneront leurs shows respectifs.