Surréalisme est peut-être le seul mot qui peut qualifier la situation que nous vivons actuellement ; deux présidents, deux palais pour un seul combat : celui de la survie et de l'ultime date de 2019. Béji Caïd Essebsi versus Youssef Chahed, le président de la République contre le chef du gouvernement, qu'on se le dise, le spectacle qu'on nous offre depuis moins une semaine n'a rien de banal ni d'habituel. Après l'interview controversée du président de la République où il a ouvertement exprimé son souhait de voir Youssef Chahed partir du palais de la Kasbah, les «vrais» du Nidaa ont pris la relève, hier, pour appeler les sympathisants et les dirigeants du Nidaa à se rassembler autour de Béji Caïd Essebsi et le soutenir dans sa quête de l'évincement du gouvernement actuel. Khaled Chaouket, ancien-porte-parole gouvernemental, a publié un post sur sa page Facebook où il a appelé les sympathisants du Nidaa à ne pas décevoir le chef de l'Etat grâce à qui ils ont pu rêver en 2012. Chaouket a invité tous les militants de Nidaa Tounes à être reconnaissants envers Béji Caïd Essebsi. L'intéressé a affirmé que le chef de l'Etat est aujourd'hui visé par une grande campagne de lynchage et de diffamation, dont le but est de prendre le pouvoir par la force. De son côté, le responsable des affaires politiques au sein du Nidaa, Borhane Bessaies, a renouvelé l'appel du président pour que Youssef Chahed démissionne ou aille renouveler sa confiance auprès de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP). Affirmant que l'équipe de Chahed est devenue une affaire qui divise sérieusement le pays et la classe politique, Bessaies a assuré que le maintien ou le départ du chef du gouvernement ne relèvent pas de la légitimité démocratique dans la mesure où le concerné a été désigné et non pas élu. Pour Ennahdha, et bien que le mouvement continue de soutenir ce qu'il appelle la stabilité politique et gouvernementale, Youssef Chahed doit, malgré tout, s'engager auprès de l'opinion publique pour ne pas se présenter à l'élection présidentielle de 2019. Le député et ancien ministre de la Santé, Abdelatif Mekki, a indiqué que la demande du bureau politique d'Ennahdha vers Youssef Chahed relève plus d'un conseil, plutôt que d'une exigence ; pour l'intéressé, le gouvernement et le pays se porteront mieux si le chef de l'exécutif consentait à ne pas se présenter en 2019. Alors que Nidaa Tounes, Ennahdha, Carthage, la Kasbah et même l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) s'accaparent toute la scène pour une querelle spectaculaire, les autres acteurs de la scène politique, notamment ceux qui s'affichent comme fervents opposants au régime et à tout ce qui se déroule actuellement, continuent de briller par leur absence laissant libre cours à toute cette médiocrité insoutenable.