Le marionnettiste Burkinabè Athanase Kabré, directeur artistique de «La Compagnie du Fil», a participé, avec sa compagnie,à la première session des Journées des Arts de la Marionnette de Carthage (JAMC), avec le spectacle pour adultes «La Cambuse». Petite rencontre… Qu'est la Compagnie du Fil ? La Compagnie du Fil est une structure artistique et culturelle indépendante, qui se consacre en particulier aux arts de la marionnette et des formes animées. Elle a pour objectif la création et diffusion de spectacles de marionnettes, l'encadrement et la formation artistiques, les animations et contes. Créée en 1998, nous célébrons ses vingt ans tout au long de cette année 2018, elle est basée à Ouagadougou, au Burkina Faso, et collabore avec plusieurs structures en Afrique et en Europe. Pourquoi ce nom ? Ce nom vient du fait que ma première formation en marionnettes s'est déroulée avec des marionnettes à fils. C'était en 1991, auprès de Gilbert Perez qui avait sa compagnie à Rouen. La Compagnie du Fil est-elle uniquement spécialisée en arts de la marionnette ? Je dirai oui ! Mais nous sommes ouverts aux autres pratiques à travers les collaborations que nous établissons avec ceux qui sont intéressés par notre démarche. Vous avez présenté un spectacle intitulé «La Cambuse» à la première session des Journées des Arts de la Marionnette de Carthage. Que raconte ce spectacle ? «La Cambuse», c'est un spectacle de marionnettes que nous avons créé en résidence à l'Institut Français de Fès au Maroc en février 2018. Le spectacle s'enracine dans l'actualité à travers les conditions de travail, les manigances d'une élite qui s'attribue tous les privilèges au détriment d'une population contrainte à l'exode... La mise en scènea été assurée par un metteur en scène non marionnettiste.Elle met l'accent sur le visuel afin de présenter toutes les situations indispensables à la compréhension du texte, au cheminement des personnages, au jeu des marionnettes et donner libre court à l'imaginaire. Quels sont les messages que vous avez insérés dans ce spectacle ? Ce spectacle fait écho à notre environnement socio-politique et culturel. Il est bâti sur la force de la propagande et la manipulation des uns par les autres. Ce n'est pas un spectacle pour enfants, mais pour un public à partir de 12 ans. Quels genres de marionnettes avez-vous utilisé pour ce spectacle ? Nous utilisons la technique de la manipulation sur table à partir d'un castelet intégrant la lumière et le son ; ce qui donne à entendre un texte plein de rebondissements où semêlent parole crue et poésie. Avec quels matériaux créez-vous vos marionnettes ? Les marionnettes de «La Cambuse» ont été réalisées à partir d'objets de récupération. Nous avons voulu traduire des caractères, des statuts sociaux, un vécu. Où allez-vous encore présenter «La Cambuse» ? Notre prochaine escale c'est Abidjan en Côte d'Ivoire. Nous serons aux Rencontres internationales de la Marionnette d'Abatta (RIMA), organisées par la compagnie Ivoire Marionnettes. Il y aura peut-être le Bénin en décembre pour terminer l'année ! Nous espérons d'autres opportunités pour les années à venir… Si vous devez faire un bilan objectif de votre participation aux JAMC, que diriez-vous ? Pour La Compagnie du Fil, les JAMC se sont bien passées. Nous avons pu faire des rencontres, voir les travaux des autres participants, posé des jalons pour d'éventuels actions à travers des collaborations… C'est le type de rencontres que nous souhaitons voir se développer et contribuer au plein épanouissement de notre pratique. Bravo aux organisateurs ! Quel sera le sujet de votre prochain spectacle de marionnettes ? La prochaine création sera une contribution à la lutte contre l'incivisme. C'est un spectacle qui s'adressera aux enfants, aux adolescents et enfin aux adultes. Propos recueillis