Soutenus par les forces progressistes à l'intérieur comme à l'étranger, les mouvements féministes en Tunisie ont organisé, samedi 20 octobre à Tunis, les premières assises de la société civile pour l'égalité entre l'homme et la femme en matière d'héritage, « dans le but de construire une stratégie commune d'influence et de plaidoyer », comme l'a déclaré, à cette occasion, à la presse, la présidente de l'Association tunisienne des femmes démocrates, Yosra Fawarès. La Conférence se tient à l'initiative d'une Coalition nationale pour l'égalité en matière d'héritage regroupant plus de 80 organisations et associations féministes tunisiennes à vocation nationale et régionale dont le fer de lance est l'Association tunisienne des femmes démocrates qui milite en faveur de cette égalité depuis 20 ans. Grâce à sa composition diversifiée, la Coalition tend à fédérer et à assurer une vision cohérente des associations membres afin de soutenir le plaidoyer nécessaire au changement des lois, a ajouté la présidente de l'Association tunisienne des femmes démocrates , soulignant que cette action de sensibilisation vise autant le législateur que l'opinion publique dont la tendance pourrait peser sur la volonté politique et la décision du législateur que ce soit au niveau du gouvernement qui propose les projets de lois ou à l'échelon du parlement qui les adopte. A cet égard, un argumentaire constitué de 20 arguments en faveur de l'égalité en matière d'héritage a été réalisé au profit de la Coalition féministe par l'Association tunisienne des femmes démocrates, pour servir de base au plaidoyer en faveur de cette égalité. Ces arguments sont d'ordre social, économique, culturel et juridique. Cependant, les courants féministes désirent que la Tunisie se montre pionnière dans sa région en la matière, comme elle l'avait été, il y a plus de 60 ans, en matière d'émancipation de la femme, grâce à la promulgation du Code du statut personnel, le 13 août 1956. Depuis qu'elle avait été lancée en juillet dernier par la Commission des libertés et de l'égalité (COLIBE), la question de l'instauration de l'égalité entre l'homme et la femme en matière d'héritage, en Tunisie, par un texte de loi divise l'opinion, les partis politiques et la société civile. Les courants et organisations se réclamant de la religion, et de tendance islamiste, dont le mouvement Ennahdha, sont réticents, quoique les arguments favorables d'ordre religieux existent, selon les spécialistes. Des hommes politiques et commentateurs en Europe et Amérique du Nord ont, à diverses occasions, exhorté Ennahdha à soutenir la question de l'égalité en matière d'héritage s'il veut prouver son engagement démocratique. Toutefois, comme plusieurs participants nous l'ont dit, l'échéance n'est pas pour demain. D'autant que l'année 2019 verra l'organisation des élections présidentielles et législatives. Un spécialiste a fait observer que dans tous les cas de figure, le président de la république peut soumettre à un référendum cette question relative à l'égalité en matière d'héritage, en vertu de l'article 82 de la nouvelle constitution tunisienne qui donne au chef de l'Etat le pouvoir de soumettre à un référendum les questions de Statut personnel, entre autres.