On peut dire, sans risque d'exagérer, que la pénurie du lait a beaucoup perdu, ces jours-ci, de son intensité. Certes, elle conserve encore quelques…poches de résistance alimentées par certains spéculateurs sans scrupules qui «jubilent» en pareille circonstance. Mais, force est de constater que «Sa Majesté le lait» a fini par récupérer son… trône dans les points de vente, et particulièrement dans les grandes surfaces où sa réapparition soudaine, ardemment attendue par les consommateurs, a fait la joie du couffin de la ménagère. Mesures exceptionnelles Ce retour à la normale n'aurait pas pu se produire sans les mesures urgentes et exceptionnelles prises récemment par l'Etat. En effet, pour prétendre prendre le taureau par les cornes, il a été décidé d'ordonner l'augmentation du volume de la production nationale qui atteint désormais le seuil d'un million 620 mille litres par jour, soit au-delà des besoins quotidiens du marché local (1,200 million de litres). Ainsi, les centrales laitières du pays fonctionnent-elles à plein régime, mettant fin à une chute accidentelle de la production qui n'aura pas, heureusement, longtemps duré. En parallèle, il a été décidé d'importer trois millions de litres de lait pour réguler définitivement le marché. «Il était temps», s'exclame une dame. «En réalité, gémit une autre, un produit de première nécessité pour nos enfants doit être à l'abri des pénuries et des spéculations. Non, on ne badine pas avec le lait». Panique injustifiée Le problème est que la dernière pénurie du lait a provoqué auprès de la population une panique tout simplement injustifiée. C'est d'autant plus vrai que les quantités de ce produit exposées à la vente s'évaporent dès leur apparition sur les étalages. Les retardataires sont évidemment les premiers à en payer les frais. «Mais, que faire pour s'en approvisionner?», s'interroge, anxieux, un père de famille, visiblement en manque… d'allaitement. «On dirait que le pays a plongé dans une… guerre civile», lance laconiquement un commerçant qui affirme être éberlué par «la folie dépensière de certains consommateurs qui s'entêtent à passer de grosses commandes en lait, sans penser aux autres». Halte à la contrebande Pour certains revendeurs au fait de la réalité du marché des laitages, «le conflit libyéen a été pour beaucoup dans la récente pénurie, étant donné que des contrebandiers en ont profité pour exporter illicitement d'importantes quantités de lait vers ce pays voisin, où elles sont écoulées au triple de leur prix réel en Tunisie». Question de lancer la balle dans le camp des gardiens de nos frontières «en vue d'une meilleure vigilance pouvant garantir que le lait tunisien... ne coule plus hors de nos frontières».