Un sommet inédit s'est tenu hier à Istanbul en présence des dirigeants turc, russe, français et allemand. Objectif : maintenir la trêve fragile à Idleb et progresser vers une transition politique en Syrie. A peine deux heures de discussions officielles étaient prévues, entre les présidents turc Recep Tayyip Erdogan, russe Vladimir Poutine, français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel. Des pays aux initiatives concurrentes, Istanbul et Moscou forment un trio incontournable avec Téhéran sur le terrain, où ils ont permis un relatif silence des armes à la faveur du processus dit d'Astana. La France et l'Allemagne font elles partie du « small group » sur la Syrie qui compte cinq autres pays, dont les Etats-Unis. Solution politique «Le but principal de ce sommet est d'étudier quelles formules nouvelles peuvent être trouvées afin d'apporter une solution politique » à ce conflit, a déclaré Ibrahim Kalin, le porte-parole de Recep Tayyip Erdogan. Sur ce point, la formation sous les auspices de l'ONU d'un Comité constitutionnel censé élaborer une nouvelle loi fondamentale s'annonce comme l'un des principaux défis en raison du blocage du régime. L'émissaire des Nations unies pour la Syrie Staffan de Mistura, qui a eu des discussions infructueuses à Damas cette semaine et déploré vendredi la paralysie du plan de l'ONU, sera lui aussi présent au sommet. Cessez-le-feu Le but commun des quatre pays réunis à Istanbul est avant tout de consolider l'accord de mi-septembre et d'éviter un assaut sur Idleb, une province de trois millions d'habitants, dernier bastion des terroristes dans le nord de la Syrie, et ainsi éviter une crise humanitaire sans précédent. Un cessez-le-feu a été négocié in extremis le mois dernier par les présidents turc et russe alors qu'un assaut du régime semblait imminent. Cet accord entre Moscou, allié du régime, et Ankara, parrain des rebelles, prévoyait notamment la mise en place d'une « zone démilitarisée » de 15 à 20 kilomètres de large pour séparer les territoires insurgés d'Idleb des régions gouvernementales. «Attentes modestes» Mais les participants à ce sommet sont loin d'afficher leur optimisme. « Il ne faut pas s'attendre à des percées », précise le Kremlin qui appelle à être « réaliste ». « Il y a des approches différentes. Mais, en gros, tout le monde souhaite naturellement aboutir à un règlement politique en Syrie. Des divergences concernant les moyens et la tactique peuvent exister. C'est justement pour évoquer ces questions et harmoniser les positions », a souligné le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Paris évoque pour sa part des « attentes modestes ». La France « souhaite que soit acté le prolongement du cessez-le-feu à Idleb et que soit garanti l'accès des convois humanitaires », explique l'Elysée. Le porte-parole du Programme alimentaire mondial, Hervé Verhoosel, espère que les discussions politiques n'éclipseront pas la première préoccupation : la situation humanitaire des familles prises au piège dans la région d'Idleb.