L'opposition syrienne ne participera pas à la conférence de paix organisée par la Russie la semaine prochaine à Sotchi sur la mer Noire, a annoncé hier un porte-parole, parce qu'elle estime que ce rendez-vous est une façon de mettre de côté les négociations menées sous l'égide de l'Onu. Le porte-parole de l'opposition syrienne s'est exprimé à l'issue de deux journées de négociations menées à Vienne qui n'ont donné lieu à aucune avancée vers une issue à la guerre civile, qui entrera en mars dans sa huitième année. Il s'agissait du neuvième cycle de négociations sous l'égide des Nations unies, les précédents ayant eu lieu à Genève. Les puissances occidentales et certains Etats arabes voient dans l'initiative de Moscou à Sotchi une tentative d'affaiblir le processus diplomatique conduit par les Nations unies tout en préparant le terrain à une solution politique plus favorable au gouvernement de Damas et à ses alliés. "Ce cycle à Vienne devait être crucial, un moyen de voir l'implication (du gouvernement syrien). Et nous n'avons pas vu d'engagement. Et les Nations unies n'ont pas vu d'engagement", a déclaré Yahia al Aridi, porte-parole de la délégation d'opposition aux pourparlers de Vienne. "Il est clair que quelqu'un cherche à entraver tout le processus et veut mettre de côté l'importance (des discussions) de Genève, l'ensemble du processus politique", a-t-il ajouté. L'envoyé spécial de l'Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, a annoncé tard vendredi soir que le secrétaire général de l'Onu Antonio Guterres allait être mis au courant de l'issue des discussions de Vienne et qu'il prendrait ensuite une décision quant à la participation de l'Onu à la conférence de Sotchi. Annoncé fin décembre par la Russie, la Turquie et l'Iran à l'issue de pourparlers à Astana, le "congrès du dialogue national" se tiendra lundi et mardi à Sotchi. Le Kremlin a annoncé vendredi que Vladimir Poutine ne prévoyait pas de participer à ce congrès. Dmitri Peskov, le porte-parole du président russe, a souligné que ce rendez-vous diplomatique serait important mais qu'il n'aboutirait pas à une solution politique définitive à la crise syrienne. Syrie- Ghouta orientale: Hypothétique cessez-le-feu Le pilonnage de la Ghouta orientale par l'armée syrienne et ses alliés se poursuivait hier matin, annonce l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), malgré l'annonce d'une promesse de cessez-le-feu que la Russie aurait évoquée, d'après un porte-parole des insurgés. Aucun cessez-le-feu n'a officiellement été annoncé par la Russie ni par le gouvernement syrien, dont l'armée assiège depuis des années cette enclave à la périphérie de Damas. Les bombardements se sont intensifiés ces derniers mois. Au total, cinq salves d'artillerie et de roquettes ont visé la Ghouta orientale dans la nuit de vendredi à samedi, a annoncé l'OSDH, une ONG basée à Londres qui tient la chronique de la guerre en Syrie grâce à un réseau d'informateurs sur le terrain. Ayman al Assemi, membre du conseil militaire de l'Armée syrienne libre (ASL), a déclaré vendredi soir que la Russie avait promis aux négociateurs de l'opposition réunis sous l'égide de l'Onu à Vienne de faire pression sur Damas pour qu'un cessez-le-feu soit mis en place dans la Ghouta orientale. Mais cet accord de cessez-le-feu n'a pas été confirmé par le porte-parole de la délégation de l'opposition à Genève, Yahya al Aridi, qui s'est borné à dire qu'il avait des "négociations à ce sujet". L'opposition a annoncé aux premières heures hier qu'elle ne participerait pas la semaine prochaine aux discussions de paix organisées par la Russie à Sotchi, sur la mer Noire. Près de 400.000 personnes vivent dans la Ghouta orientale. La zone a beau être classée "zone de désescalade" dans le cadre des accords de trêve conclus sous l'égide de la Russie, les combats s'y poursuivent néanmoins. Offensive turque en Syrie: Erdogan veut aller plus loin Plusieurs manifestations pro-kurdes étaient prévues hier, notamment en Allemagne, à Cologne, et à Paris, pour protester contre l'opération militaire menée par la Turquie dans le nord de la Syrie, dans la région d'Afrin, contrôlée par les forces kurdes qu'Ankara considère comme «terroristes». Sur le terrain l'armée turque poursuit son offensive. Des opérations qui pourraient même s'intensifier dans les prochains jours. Au début de l'opération les autorités turques assuraient que ce serait une offensive rapide mais depuis quelques jours Ankara est sur un autre registre avec des objectifs toujours plus nombreux : notamment avec ce « corridor de sécurité » de 30 km à l'intérieur du territoire syrien que les forces turques veulent mettre en place. Un corridor qui comprend la ville de Minbej, ville qui est aussi sous contrôle kurde et où se trouvent des militaires américains. Une situation potentiellement très délicate si l'armée turque devait s'y déployer... Jusqu'à la frontière irakienne Recep Tayyip Erdogan a aussi prévenu hier vendredi lors d'un discours que l'opération se poursuivrait jusqu'à la frontière irakienne... L'intervention turque en Syrie est donc loin d'être terminée alors que dans la région d'Afrin, les forces turques n'ont toujours pas annoncé de « prise » majeure, malgré l'artillerie, l'aviation, et les hommes au sol. Ankara a annoncé avoir pris le contrôle de quelques villages... Une information qui a été démentie par les forces kurdes. Syrie-Turquie-USA: Washington s'engage à ne plus fournir d'armes aux Kurdes Les Etats-Unis ont annoncé à la Turquie qu'ils ne fourniraient plus d'armes aux milices kurdes syriennes YPG, a annoncé hier la présidence turque au huitième jour de l'offensive turque contre les YPG en Syrie. La promesse américaine a eu lieu lors d'un entretien téléphonique vendredi entre Ibrahim Kalin, porte-parole du président turc Recep Tayyip Erdogan, et le conseiller américain à la Sécurité nationale, H.R. McMaster, lors duquel ce dernier a confirmé que les Etats-Unis cessaient la fourniture d'armes aux YPG, précise le communiqué de la présidence turque. L'incursion turque à Afrin, dans le nord-ouest de la Syrie tenu par les YPG (unités de protection du peuple) a ouvert un nouveau front dans la guerre civile syrienne et a provoqué un refroidissement dans les relatons entre Ankara et Washington. Le pouvoir turc n'apprécie pas que les Etats-Unis fournissent armes, formation et soutien aérien aux forces kurdes syriennes. La Turquie considère les YPG comme un prolongement du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), formation autonomiste qui mène depuis plus de 30 ans une insurrection armée en Turquie. Jeudi, le Pentagone avait indiqué qu'il opérait un suivi attentif des armes fournies aux YPG et qu'il poursuivrait son dialogue avec la Turquie. Auparavant, Ankara avait appelé Washington à mettre fin à son soutien aux YPG sous peine de devoir affronter son armée sur le terrain en Syrie. Vendredi, Recep Tayyip Erdogan a menacé vendredi de chasser les combattants kurdes de toute la zone du nord de la Syrie jouxtant la frontière turque, expliquant qu'après l'opération en cours dans la région d'Afrin, dite opération "Rameau d'olivier", la Turquie pourrait prolonger son opération vers l'est, jusqu'à la frontière irakienne. Recep Tayyip Erdogan a réaffirmé vendredi que la ville syrienne de Manbij était le prochain objectif de la Turquie. Une avance turque sur Manbij risque de compromettre le travail de stabilisation du nord de la Syrie entamé par les Etats-Unis, qui disposent de 2.000 hommes dans la région, officiellement dans le cadre de la coalition internationale de lutte contre l'Etat islamique.