Le président syrien Bachar Al-Assad s'est dit hier déterminé à combattre le «terrorisme», au moment où les troupes lançaient des assauts sur plusieurs villes, notamment à la frontière avec le Liban où des milliers de civils fuyant les violences ont trouvé refuge. Cette annonce intervient à la veille de l'arrivée dans le pays de la responsable des opérations humanitaires de l'ONU Valerie Amos pour tenter d'obtenir un accès humanitaire «sans entrave» et celle, trois jours plus tard, de l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan. Dans la matinée, l'armée a bombardé un pont par lequel transite la majorité des réfugiés et blessés vers le Liban voisin, le rendant impraticable, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) sans faire état de victimes. Quelque 2.000 réfugiés ont afflué au Liban depuis ce week-end, d'après le Haut commissariat aux réfugiés (HCR), qui a recensé 7.058 réfugiés syriens au Liban depuis le début de la révolte il y a un an. L'OSDH rapporte d'autres violences, qui ont fait neuf morts à travers le pays. Des chars et transports de troupes blindés ont ainsi «pris d'assaut la ville de Hirak» dans la province de Deraa, berceau méridional de la contestation. Dans la province d'Idleb (Nord-ouest), trois personnes ont été tuées par les militaires et dans la province de Hama (Centre), des blindés «assiègent la localité de Tibet al-Imam». Après la prise jeudi de Baba Amr, quartier rebelle de Homs (centre) dévasté par un mois de bombardements, les forces du régime assaillent désormais d'autres bastions de l'ASL dans cette région, notamment Rastane (20 km de Homs), déclarée ville «libre» le 5 février et régulièrement pilonnée depuis. A Baba Amr même, le régime dit avoir saisi, outre des armes, «un avion de reconnaissance» utilisé par «les groupes terroristes». Une autre ville de la province de Homs, Qousseir, contrôlée en majorité par les rebelles et assiégée depuis des semaines, est également bombardée, selon Anas Abou Ali, responsable local de l'ASL. A l'étranger, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a appelé Damas à autoriser l'ouverture «immédiate» de couloirs humanitaires pour les civils. Les Occidentaux ont profité de la victoire de Vladimir Poutine en Russie, alliée de longue date de Damas, pour demander «un nouveau regard sur la tragédie en Syrie», selon les termes de Washington. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, a répliqué que le nouveau projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU actuellement discuté à New York, réclamant un cessez-le-feu humanitaire, n'était toujours pas «équilibré». Moscou a déjà bloqué avec Pékin deux résolutions condamnant la répression en Syrie, où les violences ont fait plus de 7.500 morts selon l'ONU. L'émissaire conjoint de l'ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan se rendra samedi à Damas. Le régime a salué cette visite, la première de M. Annan qui veut délivrer un «message clair»: «les massacres et la violence doivent cesser et les agences humanitaires doivent avoir accès» à la population. Pendant ce temps, aux portes de Baba Amr, la Croix-Rouge internationale négociait pour le 5e jour consécutif l'entrée d'un convoi d'aide d'urgence bloqué à l'extérieur, a indiqué Saleh Dabbakeh, son porte-parole à Damas. Les autorités ont avancé des raisons de sécurité, en particulier la présence de bombes et de mines, pour justifier ce délai dénoncé par la communauté internationale. Il s'agit surtout d'»enterrer ou brûler les cadavres et effacer les traces» des crimes du régime «afin que le CICR ne s'aperçoive de rien», a affirmé Hadi Abdallah, en référence aux centaines de victimes des violences dans ce quartier. Des militants évoquent des exécutions, des viols et des actes de vandalisme des forces de sécurité. Des informations impossibles à vérifier sur le terrain, interdit d'accès aux médias par les autorités syriennes.