Le Temps - Tout le monde est d'accord que l'Instance Vérité et Dignité (IVD) s'est perdue en chemin, sauf, bien sûr, le mouvement islamiste Ennahdha qui a été le seul à profiter des mannes qui lui sont distribuée à bouts de bras, ainsi qu'à ses militants et ses activistes. Avec une présidente qui se croit investie par un pouvoir divin et avec un choix douteux pour meubler ses séances d'audition publique, les membres de cette Instance, toujours sur la défensive, ont bien négocié la fin de leur parcours, pour envenimer davantage l'ambiance et provoquer davantage de divisions. «Au terme de quatre années de travaux dans un contexte parfois hostile, l'instance Vérité et Dignité (IVD) a su mener à bien sa mission et réussi à démanteler le système de corruption et de tyrannie dans le pays», a souligné, hier, la présidente de l'Instance Sihem Ben Sédrine. Pourtant, elle aurait mieux fait de regarder le paysage de plus près, comme le font les pauvres citoyens laissés pour compte, pour qu'elle comprenne que la corruption n'a fait que se développement davantage, depuis la Révolution. De même, elle aurait mieux compris pourquoi il y avait tant d'hostilité envers l'Instance et, surtout, envers elle. Toutefois, elle a préféré les slogans creux pour escamoter les méfaits commis contre l'Histoire et ses bâtisseurs Avec son habituelle arrogance et autosuffisance, et s'exprimant à Tunis lors de la Conférence de clôture des travaux de l'IVD, Ben Sédrine a indiqué que le démantèlement du système de corruption serait bien à l'origine de la colère de plusieurs parties qui ont "tenté de compromettre le processus de la justice transitionnelle". " Leur combat contre l'IVD est perdu d'avance ", a-t-elle poursuivi. Ben Sédrine a présenté les premières recommandations de son instance pour que ces atteintes ne se reproduisent plus, citant à ce propos, la réparation des victimes, la protection du processus de redevabilité, l'archivage de la mémoire collective et la réconciliation nationale. Comme toujours, elle n'a pas manqué de lancer des flêches acerbes contre tous les pouvoirs publics, et a dit regretter l'absence des représentants de l'assemblée des représentants du peuple, de la présidence du Gouvernement et de la présidence de la République à cette conférence de clôture, estimant que les trois présidences hésitent encore à faire respecter les dispositions de la Constitution. De son côté, le président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), Youssef Bouzakher a réaffirmé l'engagement de la Justice à saisir les affaires soumises aux chambres spécialisées en justice transitionnelle conformément à la loi en vigueur. Deux rassemblements de protestation Entretemps, les partisans du parti destourien libre (PDL) se sont rassemblés devant le siège de la Caisse de retraite et de prévoyance sociales des avocats à Tunis où se déroule la Conférence. Les manifestants disent rejeter les travaux de l'Instance, chargée de rendre justice aux victimes des dictatures, les qualifiant "d'illégitimes et illégaux" Pour la présidente du parti Abir Moussi, présente sur les lieux de la protestation, l'IVD qui s'apprête à dresser son bilan d'activité, s'emploiera à redorer son image et à blanchir les parties politiques qui la soutiennent. "Ce mouvement intervient en signe de protestation contre les tentatives de falsification de la mémoire collective et contre la campagne de dénigrement menée contre le leader Habib Bourguiba", a indiqué Abir Moussi. La présidente du parti s'est déclarée farouchement opposée à toute indemnisation des personnes à travers le fonds dit "Al Karama" (La Dignité), qui sera financé par des dons, un pourcentage des sommes récupérées des accords de réconciliation, et un versement unique de l'Etat de 10 millions de dinars. Par ailleurs, un autre rassemblement a été organisé par les victimes des violations, près du siège de la Caisse de retraite et de prévoyance sociales des avocats pour dénoncer la décision-cadre émise récemment par l'IVD et qui, selon eux ne concerne pas toutes les victimes. Tout cela n'est que la preuve d'une volonté de réécrire l'Histoire à la façon de la présidente de l'IVD, de dénigrer les bâtisseurs de la Tunisie dans laquelle elle vit, aujourd'hui, et, en conclusion, servir les intérêts de ceux qui l'avaient choisi pour diriger cette instance.