Une ultime séance d'audition publique aura lieu, aujourd'hui, à partir de 20h30, entièrement consacrée au sujet portant sur «le système de propagande et de désinformation» Après une longue polémique sur la légalité ou non du prolongement de son mandat, l'Instance vérité et dignité (IVD) s'apprête à rendre sa dernière copie d'ici la fin de ce mois. Peu avant de faire ses adieux, elle tient, ce matin, au complexe de la Caisse de prévoyance et de retraite des avocats (Capra), au Centre Urbain nord à La Charguia, son congrès conclusif, venant ainsi mettre un terme à sa mission et reconduire le débat d'hier sur les résultats d'aujourd'hui. Il y aura de quoi donner du grain à moudre. Y sont conviées toutes les parties concernées, particulièrement les instances gouvernementales et la société civile. Soit les opposants à Siheme Ben Sedrine, présidente de l'IVD, tout comme, bien entendu, ses alliés et sympathisants, qui auront à dire ce qu'ils ont sur le cœur. A couteaux tirés ! Chacun d'eux garde rancune, ne voyant pas le bien-fondé de ses idées, ni le projet d'une justice transitionnelle saine, loin d'être sélective et encore moins vindicative. Sans deux poids, deux mesures. Au cours de ce congrès, prévu aujourd'hui et demain, l'on peut, fort probablement, s'attendre à un vif débat de coqs houleux mettant face à face deux camps opposés : l'un défend l'IVD et son parcours, l'autre dénonce l'hégémonie de sa présidente, la pointant du doigt pour n'avoir rien fait au profit des victimes du passé. Et les deux semblent camper sur leurs positions. Pour qui alors sonnera le glas ? Règlement de comptes ? Si le premier voit que le processus de justice transitionnelle avance à pas sûrs, près de révéler tous ses secrets, le second ne le juge pas ainsi. D'après lui, tout fut perdu avant même de commencer. Ben Sedrine n'en fait qu'à sa tête. Son mandat est tel qu'il produit un contre-effet attisant le feu des tensions, à même de retarder la réconciliation. Cela dit, les dédommagements des victimes de la dictature, pendant la période allant de 1955 à 2013, date adoptée pour la loi organique régissant la justice transitionnelle, est une façon de jeter de la poudre aux yeux. Un faux-semblant de recouvrement des droits et réparation des dégâts. Au-delà, tout porte à croire qu'il y a intention d'un règlement de comptes à peine dévoilé. Reste qu'un tel tiraillement, certes politique, n'ajoutera rien à la cause en question. Ni aux ayants droit, non plus. Surtout que plus de 60 mille plaintes et requêtes ont été envoyées au siège de l'IVD, à Montplaisir, dans la capitale. Mandat à l'épreuve L'Instance prévoit, aujourd'hui et demain, de rendre compte de ses réalisations et des résultats aboutis, afin que ne soient jamais répétées les atteintes et les violations du passé. Son mandat de quatre ans aurait dû être mis à l'épreuve. Sans doute, les intervenants et les parties prenantes à ce congrès ne manqueront pas de livrer leurs idées et leurs propositions quant aux défis de pareille justice exceptionnelle. L'après-IVD sera également examiné. Notons que l'ouverture, ce matin, des travaux dudit congrès verra un ballet d'intervenants : l'ex-bâtonnier Mohamed Fadhel Mahfoudh, ministre chargé des Relations avec les instances constitutionnelles, des représentants de la société civile et des droits de l'Homme, le président du Conseil supérieur de la magistrature, les présidents des instances indépendantes, ainsi que le coordinateur des Nations unies en Tunisie. «Démantèlement de la corruption», «réparation des dommages subis par les femmes, leurs époux et leurs enfants», «conservation de la mémoire», autant de thématiques au menu. «Quelle réconciliation veut-on ?», thème crucial qui pourra dire de quoi sera fait demain. Alors que d'autres voix ne tolèrent guère la réconciliation sans passer par la punition. Elles sont contre l'impunité. Ce soir, une ultime séance d'audition publique aura lieu à partir de 20h30, consacrée au «système de la propagande et de la désinformation». Comme si la vérité des faits, qui avait été détournée, devait dès lors être rétablie par les victimes, déjà pris à témoins. Du reste, toute vérité est relative.