Si on réduit le nombre des cours particuliers à 50%, on gagnera 500 milliards et par conséquent on améliore le rendement de l'institution scolaire L'école publique reste un pilier principal du secteur de l'enseignement en Tunisie. M. Ridha Zahrouni, Président de l'Association tunisienne des parents et élèves, est impliqué de plain-pied dans le conflit entre le ministère de l'Education et le syndicat de l'enseignement secondaire, surtout que les écoliers sont laissés dans la rue et qu'ils paient les dégâts au prix fort. Il livre ci-après ses idées pour arriver au bout de cette crise. Le Temps : Tout d'abord votre association a publié un communiqué exprimant son inquiétude quant à l'implication des élèves dans ce conflit syndicat de l'enseignement et ministère de l'éducation? Ridha Zahrouni :Je pense que l'école tunisienne vit une période difficile voire catastrophique. Nos élèves n'ont pas pu passer leurs examens après un bon trimestre de travail. Notre association considère que seuls les élèves paieront la facture de tous ces tiraillements entre Fédération de l'enseignement secondaire et ministère de l'éducation. C'est bien dommage que nos élèves restent chez eux, en raison de la suspension des examens dans tous les établissements d'enseignement. L'élève est devenu un otage de ce conflit chaque début de l'année. C'est une facture lourde que les élèves, les parents mais aussi l'Etat sont en train de payer,. Quelle est la solution préconisée par votre Association ? Je fais porter la responsabilité de cette défaillance à l'Etat et à la Fédération générale de l'enseignement secondaire. Les revendications des enseignants ne devraient pas toucher les intérêts des élèves et influencer le processus de l'Education. Les parents sont lésés. Leurs enfants sont dans la rue. Ils sont privés de leur institution. Le ministère ne peut pas satisfaire leurs demandes. Il y a un blocage qui se répercute négativement sur l'école. Notre Association exprime ses vives appréhensions vis-à-vis de la manière dont les acteurs concernés traitent les problèmes répétitifs que vit l'école depuis des mois.A mon avis, il est nécessaire d'adopter un dialogue clair et systématique entre le ministère de l'éducation et le syndicat d'enseignement secondaire pour résoudre les problèmes entre les deux parties. Et là j'appelle le ministère de tutelle, le gouvernement et l'Union générale tunisienne du travail à prendre des décisions immédiates et indépendantes pour résoudre la crise actuelle: Il faut s'asseoir ensemble, rejoindre la table des négociations, dialoguer et trouver une solution rapide et immédiate. Le temps presse. Nos élèves sont perturbés. Ce mouvement se répète chaque année. Je pense qu'il est temps de respecter le droit des élèves de passer les examens dans les délais impartis. Il faut trouver un accord afin de garantir la stabilité du système éducatif car notre école agonise. Chaque année, près de 100 mille élèves quittent les bancs de l'école. 35% des décrocheurs estiment que l'ambiance et le traitement au sein de l'institution éducative est parmi les principales raisons de leur abandon scolaire. Il faudrait à mon avis communiquer et étudier d'une façon objective et responsable les exigences des enseignants et les propositions du ministère tout en s'engageant à ne plus revenir chaque fois en arrière car on est en train de vivre cette situation depuis trois ans. Le même scénario se répète chaque année. Il est temps de sauver l'école publique tout en satisfaisant les demandes des enseignants. L'obsession du succès a permis la prolifération de ces cours particuliers magiques ces derniers temps. Qu'en pensez-vous ? Les parents ne peuvent pas reculer. Ils cherchaient par tous les moyens de satisfaire les besoins de leurs enfants avec une seule devise: la réussite à tout prix. Ce phénomène est devenu ravageur alors que certains n'ont pas même achevé leur premier trimestre. Le coût de ces cours particuliers est estimé à mille milliard. Les parents impuissants se plient aux exigences de leurs enfants quitte à s'endetter. Ils recherchent l'amélioration des résultats scolaires de leurs enfants. Si on réduit le nombre des cours particuliers à 50%, on gagnera 500 milliards et par conséquent on améliore le rendement de l'institution scolaire L'enseignement public peine à se réformer d'où cette ruée vers l'école privée? Les établissements privés soient intégrés à la carte scolaire. Je ne pense pas que l'école privée est en train de prendre le pas sur le public. Cet enseignement privé ne représente que 3% de l'effectif total des élèves .L'école privée n'est pas plus efficace que l'école publique. C'est une fausse analyse. C'est vrai que certaines familles tunisiennes ont de plus en plus recours aux écoles du secteur privé. Mais c'est une minorité. L'école publique a joué un grand rôle dans la formation de plusieurs générations et reste un pilier principal du secteur de l'enseignement en Tunisie.