Le secteur des viandes rouges connaît, actuellement, des difficultés, ce qui a engendré des problèmes pour les bouchers, dont les revenus ont fortement baissé, obligeant, ces trois dernières années, près de mille d'entre eux à fermer, a souligné, hier, à Tunis, le président de la Chambre nationale des bouchers Ahmed Laamiri. Laamiri qui intervenait lors d'une conférence de presse, tenue au siège de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA), a imputé la situation de crise, qu'il a qualifiée de "catastrophique", à la hausse du coût du kilogramme de viande ovine qui a atteint 30 dinars et n'est donc plus à la portée du pouvoir d'achat du citoyen. Il a mis en garde contre l'amplification du phénomène de la contrebande des ovins qui a accru la crise du secteur, exhortant les autorités concernées à mettre fin à ce fléau. Et d'ajouter, à ce propos, que des contrebandes de près de 1000 têtes de bovins ont lieu chaque semaine vers l'Algérie, ce qui a engendré une forte baisse de la production, soulignant que cette donne est également à la base de la pénurie du lait en Tunisie. Le président de la Chambre nationale des bouchers a appelé les autorités concernées à contrôler la tuberculose apparue chez le cheptel bovin, indiquant que cette maladie a été repérée dans les étables des agriculteurs. Il a recommandé de procéder à un contrôle minutieux des vaches et mis l'accent sur la nécessité pour l'agriculteur de fournir un certificiat de salubrité du cheptel lors de sa commercialisation ou de sa numérisation, sachant que le boucher est en droit de demander ce certificat lors de l'acquisition des bovins afin de garantir la santé du consommateur. Dans ce contexte, il a imputé toute la responsabilité aux ministères de l'agriculture et de la santé. Laamiri a, aussi, signalé que les médecins vétérinaires ont demandé la somme de 180 milliards de dinars pour éradiquer la tuberculose parmi les bovins. Il a, par ailleurs, dénoncé la propagation du phénomène de l'abattage anarchique pratiqué par les intrus hors des circuits de distribution légaux, souligant que "cette question peut également présenter un danger pour la santé du consommateur". Il a recommandé aux autorités de trouver une formule pour adapter les prix des viandes rouges au pouvoir d'achat du consommateur. Et d'appeler, en outre, à mettre fin à la contrebande des bovins vers l'Algérie, craignant de voir ce phénomène s'étendre aux ovins et recommandant d'approvisionner les différents gouvernorats en viandes rouges. Dans ce même cadre, il a fait remarquer que les viandes congelées importées ne répondent pas à la demande aux plans qualité et rendement, estimant que l'importation de veaux pour l'engraissement est une opération coûteuse et n'est d'aucun apport pour le consommateur, les prix étant en hausse continue Laamiri a reproché aux autorités le manque d'attention apportée aux problèmes du secteur, en dépit des nombreux messages que la Chambre a adressées respectivement aux ministères de l'agriculture, de la santé et du commerce ainsi qu'à l'organisation de défense du consommateur (ODC). Pour rappel, la moyenne de la consommation de veaux en Tunisie se situe entre 10 et 12 mille têtes par an.