Une étude rendue publique en décembre dernier et intitulée 'Analyse et propositions pour un développement durable du secteur de la viande bovine en Tunisie'' (préparée par le professeur Chedly Kayouti, spécialiste en productions animales et développement des ressources alimentaires et pastorales, à l'attention du ministre de l'Agriculture et des Ressources hydrauliques, et au président de l'UTAP), donne des conclusions assez intéressantes sur la situation actuelle du secteur. D'abord, l'étude indique que la production nationale en viande bovine stagne entre 47.000 et 56.000 tonnes, et ce depuis une vingtaine d'année avec une consommation faible estimée à seulement 6 Kg/habitant/an. Ensuite, l'étude souligne que la 'diminution constante des effectifs du cheptel local et croisé engendre un déséquilibre dans l'approvisionnement d'animaux à engraisser '' ayant entraîné deux conséquences majeures : - un prix d'achat d'animaux maigres destinés à l'engraissement dépassant 5 dinars/kg et un prix des veaux laitiers âgés d'une semaine qui dépasse les 10 dinars/kg vif ; - une forte pression sur le cheptel laitier pour la production de la viande (qui contribue déjà par 30% dans l'approvisionnement total) avec une faible longévité et donc un faible accroissement des femelles laitières L'étude nous apprend également que la viande de la femelle laitière est marginalisée, aussi bien le producteur que le consommateur sont les plus défavorisés en l'absence de réglementation sur le marché de cette catégorie d'animaux. Ce qui pousserait les commerçants à acheter la viande de réforme à moitié prix (entre 3,5 et 4,5 dinars/kg de carcasse) de la valeur de la carcasse du taurillon et le consommateur la paie au même prix que la viande du taurillon. Mais ce n'est pas tout, parce que l'étude montre également que la filière distribution de la viande 'ne tient pas compte de la classification des carcasses et de la catégorisation des morceaux''. Du coup, le système n'est plus adapté à l demande du consommateur, lequel ne réclame plus 'de la viande sans ou avec os'', mais spécifie plus fréquemment de la viande à rôtir ou des morceaux à bouillir. Après avoir fait ce constat quelque peu amer du secteur, l'auteur propose des solutions ou plutôt fait des recommandations aux autorités de tutelles pour un développement durable du secteur de la viande bovine en Tunisie. Pour y parvenir, et tout en considérant que le développement durable du secteur doit satisfaire simultanément les intérêts légitimes à la fois des naisseurs, engraisseurs, industriels détaillants et consommateur, le professeur Kayouli avance cinq propositions concrètes, à savoir : - l'encouragement de la production de veaux à partir du cheptel local et croisé, et ce à travers une action de grande envergure d'amélioration par des races à viande dans les délégations défavorisées du Nord-ouest du pays ; - l'instauration d'un marché officiel pour une meilleure valorisation des femelles de réforme, en matière de réglementation, de développement d'unités intensives d'engraissement de femelles réformées ; - l'augmentation du volume de production de la viande bovine par le recours à l'importation de taurillons destinés à l'engraissement (une action déjà engagée par le ministère et l'UTAP et qui motive plusieurs engraisseurs) ; - l'organisation technique et commerciale du secteur de la viande bovine (une collaboration entre les engraisseurs et la société Ellouhoum et les abattoirs privés afin de mieux garantir la régularisation du marché ) ; - une classification des carcasses et le payement de la viande bovine selon la qualité (autrement dit, mettre en place un système de commercialisation adapté aux besoins d'une production intensive d'animaux engraissés et aux exigences d'un consommateur qui veut acheter une viande selon son 'goût'' ou son 'budget''. Même si certains trouveront ces mesures préconisées insuffisantes, mais pensons, pour notre part, qu'elles vont dans le sens d'une amélioration de la qualité et de la quantité, ce qui est de nature à permettre au consommateur de choisir. En tout cas, il est certain que tant qu'il n'y aura pas une amélioration constante et suffisante de l'approvisionnement du marché, il sera difficile voire impossible d'enrayer cette montée des prix T.B.