Principales revendications : augmentations salariales de 100%, revalorisation des honoraires des heures de garde et adoption du projet de loi sur la responsabilité médicale Les médecins, les pharmaciens et chirurgiens et les dentistes exerçant dans les établissements publics de santé (EPS) entameront à partir du 2 janvier prochain une série de protestations contre le refus du ministère de la Santé publique de satisfaire leurs revendications. Selon un communiqué publié par le syndicat général des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes de la santé publique, le point de départ de ces protestations sera un rassemblement prévu le 2 janvier devant le ministère de la Santé en signe de protestation contre la révision «unilatérale» du décret n° 92-1206 du 22 juin 1992 portant organisation de l'exploitation des officines de détail. Après avoir mis sur pied une commission ad hoc comprenant des représentants de la partie syndicale, le ministère a fait machine arrière, préférant réviser ce décret sans prendre en considérations les propositions d'amendement du syndicat rattaché à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT). Ces propositions concernent l'ouverture de plus de 400 nouvelles officines et la création de 2000 emplois, ainsi que l'annulation du numérus clausus (nombre d'habitants pris en considération pour l'ouverture d'une nouvelle pharmacie) et la révision des textes de loi relatives aux fonctions pharmaceutiques dans les établissements publics de santé. A partir du 10 janvier, les médecins, les pharmaciens et les dentistes de la santé publique arboreront le brassard rouge. Ils organiseront également un rassemblement de protestation devant le Palais du gouvernement à la Kasbah. Au cas où le ministère continuerait à faire la sourde oreille aux revendications syndicales, une réunion de la commission administrative du syndicat pourrait se tenir pour lancer un mot d'ordre de grève générale dans les établissements publics de santé. «La prochaine réunion de la commission administrative devrait décréter une grève générale sectorielle, tant la grogne ne cesse de s'amplifier contre la marginalisation médecins, des pharmaciens et des chirurgiens-dentistes exerçant dans le secteur public», a déclaré le Dr Mohamed Hédi Souissi, secrétaire général du syndicat. «Nous sommes aujourd'hui convaincus que le refus des autorités de tutelle d'améliorer la situation matérielle des médecins se situe dans le cadre d'un plan de démantèlement du système public de santé dans un premier temps et des cliniques privées tunisiennes dans une phase ultérieure, en prélude à l'arrivée des hôpitaux privés qui s'appuieront sur un personnel médical low-cost originaire de certains pays asiatiques», a-t-il ajouté. Outre la révision du décret n°92-1206 du 22 juin 1992 portant organisation de l'exploitation des officines de détail, le syndicat général des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes de la santé publique réclame notamment des augmentations salariales de 100% au moins au profit des médecins exerçant dans les établissements publics afin de limiter les «écarts énormes» avec le secteur privé ainsi que la revalorisation des émoluments des heures de garde et de travail de nuit. La majoration des salaires est destinée à limiter l'exode massif des médecins exerçant dans le secteur public vers le secteur privé ainsi que l'émigration des blouses blanches vers d'autres pays, où les rémunérations sont sans commune mesure avec celles pratiquées en Tunisie. Selon les calculs du syndicat, environ 60 médecins quittent la Tunisie chaque mois, en signe de protestation contre la détérioration de leur situation morale et matérielle. Le syndicat impute cette hémorragie à plusieurs facteurs dont les salaires bas, la multiplication des agressions ciblant le corps médical et la détérioration des infrastructures et des équipements médicaux dans les hôpitaux. Un médecin exerçant dans le secteur public touche en effet entre 1800 et 2800 dinars en fonction de son grade et de sa spécialité. La rémunération de l'heure de garde d'un médecin résident varie, quant à elle entre 440 millimes et cinq dinars selon les spécialités ! Le syndicat revendique par ailleurs l'adoption du projet de loi relatif à la responsabilité médicale, qui a été déjà soumis au Parlement.