Le gouvernement et l'Union générale du travail tunisien (UGTT) n'ont pas réussi à couper la poire en deux lors d'une nouvelle réunion entre une délégation syndicale et des représentants du gouvernement tenue lundi après-midi. Après avoir proposé une enveloppe globale consacré à la majoration des salaires de fonctionnaires de 400 millions de dinars, puis de 700 millions de dinars, le gouvernement a fait améliorer son offre. Selon des sources proches du Palais de la Kasbah, l'exécutif a proposé des augmentations allant de 70 à 130 dinars sur deux ans, avec un effet rétroactif à partir d'octobre 2018. La partie syndicale est cependant restée attachée à des augmentations identiques à celles accordées aux salariés des entreprises publiques, qui vont de 205 à 270 dinars sur le salaire brut, sur trois ans (205 dinars pour les agents d'exécution, 245 dinars pour les agents de maîtrise et 270 dinars pour les cadres). Ainsi, la grève générale prévue le 17 janvier prochain est maintenue jusqu'à nouvel ordre. La commission administrative nationale de l'UGTT avait décidé le 24 novembre dernier, de décréter une grève dans la fonction publique et le secteur public le 17 janvier prochain en signe de protestation contre l'échec des négociations avec le gouvernement sur des augmentations salariales, indiquant que «le refus de l'exécutif d'accorder de majorer les salaires des fonctionnaires constitue une obéissance aux diktats des bailleurs des institutions financières internationales et un renoncement à la souveraineté nationale». Cette décision fait suite à une première grève générale dans la fonction publique organisée le 22 novembre par la centrale syndicale. Le taux de participation à cette grève avait atteint 95%, selon les estimations de la centrale syndicale. L'UGTT réclame, pour les 673.000 agents de l'Etat, des augmentations au moins égales à celles concédées cette année dans les entreprises publiques. Selon le gouvernement, ces augmentations représentent un montant global d'environ 1,2 milliard de dinars, qui porterait la masse salariale de 14 à 17 % du PIB, à l'heure où les bailleurs de fonds, qui maintiennent la Tunisie à flot, appellent à maîtriser les salaires de la fonction publique pour ne pas aggraver le déficit budgétaire du pays. Le nouveau bras de fer entre le gouvernement et l'UGTT intervient dans une atmosphère politique délétère. Depuis plusieurs mois, la vie politique est en effet paralysée par des luttes de pouvoir acharnées entre le président de la République Béji Caïd Essebsi et le chef du gouvernement, Youssef Chahed.