Signe des jours difficiles. Le nombre des Tunisiens qui s'habillent dans les marchés de la friperie, déjà très important, a grossi à vue d'œil, dernièrement, à en juger par l'affluence accrue enregistrée dans les marchés de la friperie, à Tunis, avec l'arrivée de l'hiver et les rigueurs du froid. Les échoppes et les étalages de friperie dont le nombre a grandi en conséquence, ne désemplissent pas, comme le visiteur peut le constater dans le fameux marché d'El Hafsia et de Bab el Khadhra, dans le Centre-ville de la capitale. Ce sont les femmes et les jeunes filles qui forment le gros de la clientèle, comme dans le commerce parallèle. Les marchands dont beaucoup sont des jeunes hommes au fait de la mode mondiale et de ses grands représentants, sont partagés. L'un d'eux nous a dit que l'affluence est grande mais que les achats sont plutôt limités. Les clients se contentent souvent de voir. « C'est vrai que les vêtements usagés et d'occasion importés coûtent moins cher que les habits neufs de qualité, a-t-il dit, mais, la détérioration du pouvoir d'achat des citoyens a affecté l'accessibilité à tous les produits, y compris les articles de friperie dont les prix au détail ont augmenté, suite à l'augmentation des prix de gros. Selon lui, les prix de gros ont quadruplé, depuis la révolution. Pourtant, la plupart des marchands n'ont pas de patente et ne paient pratiquement rien, hormis le loyer du local s'il existe, car la majorité utilise des étals de fortune. Par contre, un jeune autre marchand, du côté de Bab el Khadhra, nous a dit que les gens achètent, notamment les articles de qualité à la mode. Il a montré des espadrilles de grande marque proposées à 120 dinars contre 300 dinars et plus dans les magasins des habits neufs, et autres articles à la mode de grandes maisons de confection mondiales. Cependant, la demande des habits neufs reste importante. Mais, ce sont les boutiques de marque et les enseignes connues qui sont les plus fréquentées malgré les prix élevés qu'elles pratiquent. Les établissements spécialisés dans les gammes passables, économes et basses périclitent plutôt, car le rapport qualité/prix fait défaut. Ce qui expliquerait, selon certains, le recours à la friperie, malgré tout ce qu'on peut dire à son propos concernant l'hygiène et les exigences de santé, car des habits usagés, malgré tout le traitement qu'ils subissent, peuvent susciter la suspicion de ce côté.