La commission administrative nationale de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) a décrété, à l'issue d'une réunion tenue hier à Hammamet, une grève générale de deux jours, les 20 et 21 février prochain dans la fonction publique et le secteur public, en signe de protestation contre l'échec des négociations avec le gouvernement sur des augmentations salariales. «Cette décision a été prise en raison de l'échec des négociations avec le gouvernement sur les augmentations salariales et le réajustement du pouvoir d'achat des travailleurs dans la fonction publique et la non application de certains articles du procès d'accord relatif au secteur public», a déclaré le secrétaire général de l'UGTT, Noureddine Taboubi. «L'objectif n'est pas la grève générale mais de trouver des solutions pour assainir le climat social et réaliser une stabilité sociale afin d'organiser des élections libres, indépendantes et démocratiques dans les délais et parachever la mise en place des instances constitutionnelles pour réussir la transition démocratique», a-t-il ajouté, indiquant que la centrale syndicale défend la souveraineté nationale et l'indépendance de la décision nationale loin des diktats du Fonds monétaire international (FMI). La décision de l'UGTT intervient alors que le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a annoncé vendredi la reprise des négociations avec l'organisation syndicale sur la majoration des salaires, loin de la logique de la perte ou de la victoire après la grève générale observée jeudi par les fonctionnaires et les salariés des entreprises publiques. «Le dialogue reste ouvert. J'ai chargé la délégation gouvernementale de négociation de se réunir la semaine prochaine avec la délégation de l'UGTT, pour continuer le dialogue et les concertations afin de trouver une solution avec ce partenaire social», a-t-il dit. Et de renchérir : «Il n'y pas de vainqueurs ou de perdants. C'est la démocratie qui a vaincu», avait lancé le chef de la Primature. Et d'ajouter : Tout en indiquant que le droit de grève est légitime dans les pays démocratiques, le chef du gouvernement a cependant affirmé que la grève du 17 janvier avait un coût énorme alors que le pays a besoin d'asseoir la culture du travail. Lors de la grève générale observée jeudi, la majorité des fonctionnaires et salariés des établissements publics réquisitionnés ne se sont pas conformés à cette décision prise par le gouvernement, vu que l'UGTT a rejeté le décret y afférent qui a été au Journal officiel de la République tunisienne, quelques heures seulement avant le début de la grève générale. Deux grèves très suivies Selon des sources syndicales, le taux de suivi de la grève a atteint 100% dans le secteur du transport. Le taux de suivi général a dépassé, quant à lui, 95% à l'échelle nationale. Dans toutes les régions la grève s'est déroulée sans incidents. Les grévistes se sont rassemblés devant les locaux des unions régionales du travail, avant d'organiser des marches vers les sièges des gouvernorats. Le gouvernement et l'Union générale du travail tunisien (UGTT) n'ont pas réussi depuis octobre dernier à accorder leurs violons sur la majoration des salaires des fonctionnaires. Après avoir proposé, début janvier, des augmentations allant de 70 à 130 dinars sur deux ans, le gouvernement a, de nouveau, amélioré son offre. Selon des sources syndicales, l'exécutif a proposé des augmentations allant de 136 à 180 dinars sur deux ans, avec une deuxième tranche sous forme de déduction d'impôt. La centrale syndicale est cependant restée attachée à des augmentations identiques à celles accordées aux salariés des entreprises publiques, qui vont de 205 à 270 dinars sur le salaire brut, sur trois ans (205 dinars pour les agents d'exécution, 245 dinars pour les agents de maîtrise et 270 dinars pour les cadres). Pour rappel, la grève générale du le 17 janvier fait suite à une première grève générale dans la fonction publique organisée le 22 novembre par la centrale syndicale. Le taux de participation à cette première grève avait atteint 95%, selon les estimations de la centrale syndicale. L'UGTT réclame, pour les 673.000 agents de l'Etat, des augmentations au moins égales à celles concédées cette année dans les entreprises publiques. Selon le gouvernement, ces augmentations représentent un montant global d'environ 1,2 milliard de dinars, qui porterait la masse salariale de 14 à 17 % du PIB, à l'heure où les bailleurs de fonds, qui maintiennent la Tunisie à flot, appellent à maîtriser les salaires de la fonction publique pour ne pas aggraver le déficit budgétaire du pays.