Humoriste de grand talent, Samia Orosemane s'est fait connaître grâce à son sketch hilarant, mais oh combien juste, sur les accents africains. C'est à Abidjan (Côte d'Ivoire) que nous l'avons rencontrée, totalement, par hasard, alors qu'elle découvrait le Palais de la Culture de Treichville et que nous étions sur place pour la couverture du Marché des Arts du Spectacle d'Abidjan (MASA). Un hasard qui fait bien les choses ou tout simplement notre destin, chacune, de croiser nos chemins en dehors de notre terre tunisienne, mais sur notre terre africaine. Et c'est avec son sourire et sa simplicité qui la caractérisent que Samia Orosemane, qui rêve de jouer dans les festivals en Tunisie et faire la scène du Festival International de Carthage, a bien voulu nous accorder une entrevue. * LE TEMPS : D'où vous vient cet amour ou plutôt cette passion pour l'Afrique subsaharienne ? Samia OROSEMANE : Ma meilleure amie est malienne. J'ai grandi au thiéboudienne, mafé, saga saga et autres plats d'Afrique subsaharienne. Les pagnes de sa maman égayaient aussi nos tristes soirées d'hiver. * Vous vous êtes produite dans quelques pays de notre continent. Quel est celui qui vous a le plus marqué ? Tunisie, Maroc, Algérie, Sénégal, Cameroun, Gabon, Côte d'Ivoire, Mali, Burkina Faso, Kenya... chaque pays a son charme mais la Tunisie est le pays de mes racines et la Côte d'Ivoire l'endroit où on fait le plus la fête est où tout semble facile. * Vous avez des racines dans l'île de Djerba où vous avez organisé un festival de rire. Pourquoi n'avez-vous pas réitéré l'expérience ? Malgré la réussite de cet événement je n'ai pas trouvé le soutien financier nécessaire pour pérenniser le festival. * Quelles sont les scènes tunisiennes sur lesquelles vous souhaiteriez-vous produire? Je rêve de jouer dans tous les festivals sur la Tunisie mais principalement la scène mythique de Carthage qui me permettrait de m'adresser à un plus large public... Mon rêve serait de pouvoir faire un spectacle en dialecte tunisien afin de toucher toutes les générations. * Avez-vous cherché à poser votre candidature pour les différents festivals en Tunisie ? Oui, nous avons déposé les candidatures et nous attendons le retour mais avec cette histoire de Corona je vous avoue que ce n'est pas gagné. * Dans votre spectacle vous vous êtes attachés aux accents africains. Quel sera le thème de votre prochain spectacle ? J'ai déjà commencé à écrire le nouveau spectacle que je vais sûrement peaufiner avec le temps... Je parle de toutes les rencontres que j'ai pu faire avec mon travail de comédienne, du comportement des gens qui a changé avec moi, de la motivation qu'il faut pour aller jusqu'au bout de ses rêves... Mais surtout de la procréation médicalement assistée car je suis mariée depuis 16 ans et que je n'arrive toujours pas à avoir d'enfant. * A part le continent africain, êtes-vous intéressée ou avez-vous l'intention de vous intéresser à d'autres parties du monde ? J'ai joué en Europe, au Canada, en Irlande, et en Angleterre pour la communauté francophone. J'aimerais jouer mon spectacle partout où c'est possible. * Vous avez un style particulier : musulmane se couvrant les cheveux et le cou, vêtements en tissus africains. Cela ne vous a-t-il jamais posé problème ? Bien sûr que ça a déjà posé problème devant des gens qui ont des idées arrêtées ou des directeurs de théâtre qui pensent avoir la science infuse... Mais quand on ferme la porte je passe par la fenêtre (rires). La difficulté ne m'a jamais empêchée d'aller où j'avais envie ! * Avez-vous été refusée sur des plateaux ou des scènes en France à cause de cela ? Pas dit de manière claire mais j'avais compris. On m'avait boycottée à certains endroits. * Quelles sont les plus grandes difficultés que vous rencontrez en tant que femme humoriste ? La plus grande des barrières est dans notre tête en tant que femme. Nous nous freinons souvent et sommes persuadées que nous ne sommes pas capables de faire de grandes choses alors qu'il n'en n'est rien ! * Si vous n'aviez pas été humoriste, à quoi vous seriez-vous consacrée ? Aux enfants ! J'adore les enfants et je pense que j'aurai fini dans un métier au contact de ces derniers. Propos recueillis