C'est une vague mondiale qui porte la résistance des artistes et leur désir de partager malgré le confinement généralisé. Partout dans le monde, des initiatives voient le jour et des créateurs s'engagent à partager leurs oeuvres. En Tunisie aussi, ce mouvement se confirme et s'accélère. Dès les premiers jours du confinement quasiment planétaire, des initiatives ont vu le jour sur les réseaux sociaux afin de porter la créativité des artistes et partager des oeuvres et des instants de joie ou de réflexion, avec le public qui s'est massivement réfugié dans les méandres de l'internet. Invisible, la Toile est elle aussi partout et constitue un havre virtuel sans lequel ces jours reclus ne seraient pas vécus de la même manière. La Toile est la plus vaste des scènes Sous la bannière "United we stream", autrement dit "Unis, nous diffusons", de nombreux artistes ont pris les devants, notamment en Allemagne où ce mouvement a eu son premier ancrage parmi les animateurs des clubs nocturnes. L'initiative ne pouvait que sortir de son lit pour aller se répandre aux quatre coins de la planète. Aujourd'hui, des milliers de prises de parole ou de prestations artistiques ponctuent les longues journées et ce sont tous les artistes, des stars de Hollywood aux travailleurs de quartier, qui font écho à ce désir de partage. Nous avons vu Fabrice Lucchini lisant les Fables de la Fontaine, des orchestres jouer en l'absence de public et pour les internautes ou encore des intellectuels se lancer dans des tribunes libres pour décrypter l'actualité. Le quotidien de la Toile est devenu diffus, multicolore, accessible à tous et presque totalement gratuit. C'est de la sorte que le lien culturel s'est non seulement maintenu mais a aussi démontré en quoi il était essentiel dans nos vies. C'est aussi de la sorte que les artistes du monde ont démontré leur générosité innée et leur sens du partage. Ce sont des cinéastes qui, libres de droits, autorisent la projection de leurs films les plus récents. Ce sont des musiciens qui composent et chantent de nouvelles oeuvres. Ce sont des danseurs qui créent des chorégraphies pour solistes et les interprètent sur une scène virtuelle qui englobe le monde entier. Sans nous attarder sur la fonction de l'art dans nos sociétés, il importe de constater qu'en temps de crise, les artistes solidaires montent aussi au créneau et apportent leur contribution à l'édifice. Symboliques, les gestes des artistes sont essentiels et peuvent prendre toutes les formes. Ainsi, nous avons vu la chanteuse Latifa Arfaoui prendre en charge une cinquantaine de Tunisiens coincés en Egypte. Nous avons également vu des artistes comme Abbès Boukhobza ou Mona Ferjani faire don de leurs oeuvres au profit d'hôpitaux. Ce qui compte, c'est que ces gestes symboliques en ont suscité d'autres et que la pompe de la solidarité a ainsi été amorcée. Les exemples sont nombreux désormais et les actes forts devraient continuer à se succéder. Les initiatives essaiment par milliers Les réseaux sociaux sont devenus une vaste scène, probablement la plus grande de toutes les scènes. Les initiatives ont essaimé et se comptent par milliers. Dans ce contexte de crise, chacune d'elles vaut son pesant exemplaire de solidarité et invite d'autres bonnes volontés à entrer dans la danse. L'art ne recule pas devant la pandémie et, même s'ils ne peuvent être en première ligne, les artistes sont bien en ligne, présents à chaque instant et apportant de la joie, des idées et l'enthousiasme dont nous avons tant besoin. Maintenant, il s'agit de persévérer et continuer sur cet élan rassembleur. "United we stream", c'est vrai! Et "United we stand" aussi car c'est bien ensemble que nous ferons face.