Mince ! Ça yoyotte de toutes parts depuis quelques temps en Tunisie… Corona-fricassé d'un côté, corona-yoyo de l'autre, corona-javel qui en remet toujours une couche, corona-manie un peu toc-toc par-ci, corona-mania des plus loufoques par-là, corona-challenges à longueurs de journées ; décidément, ça commence grave à divaguer studieusement en ce moment. Bien entendu, parfois pour le meilleur, mais parfois aussi pour le pire. Pendant ce temps, ça continue de dérailler côté approvisionnement : corona-baguette trop légère à la pesée, corona-farine plus rare que corona-semoule, corona-semoule encore plus rare que corona-farine, corona-provisions à risques et périls, et corona-spéculation par-dessus le marché. A peine un peu plus d'une semaine de corona-confinement et voilà que le Peuple commence déjà à pédaler dans la semoule, à se rouler dans la farine, mais aussi à patiner dans la choucroute et à yoyotter même de la toiture ! Comble de l'exception tunisienne : il faut impérativement glaner, dans cette pénurie, quelques centaines de grammes de farine –pourquoi faire ?-, eh bien pour pouvoir participer, coûte que coûte, au fricassé-challenge ou au yoyo-challenge ! Quitte à braquer, par exemple, une camionnette chargée de farine qui oserait s'aventurer dans le coin. Instinct de survie, s'il vous plait ! Corona-routine, à l'état numérique ! Dans ce contexte, le train-train quotidien, de plus en plus virtuel, se développe, de son côté, à un rythme complètement yoyotté : corona-palabres à longueurs de journées, corona-streaming à longueurs de nuitées, corona-humour en permanence, corona-bêtises par intervalles, « corona-tanbir » sans relâche, corona-live parfois, corona-story quelquefois, corona-intox souventefois ; et corona-cerise sur le gâteau : tout le monde est connecté sur Facebook ! Les Tunisiennes et les Tunisiens se morfondent, doucement mais sérieusement, dans une espèce de corona-routine à l'état numérique, dans laquelle, tout quidam le plus untel devrait y trouver impérativement son compte ; en s'ingéniant matin et soir à improviser, à qui mieux mieux, à chacun sa marotte et parfois à la mords-moi-le-nœud, mais souvent à la queue-leu-leu, sa meilleure manière d'appréhender le désormais corona-monde qui l'entoure… A adopter, selon les corona-goûts des uns, et les corona-mœurs des autres, à l'embarras du choix, tantôt les plus originales, tantôt les plus toquées, tantôt les plus triviales des corona-postures et des corona-comportements, afin de « répondre présent » à l'appel des corona-tendances et autres corona-challenges, en tâchant ainsi de se faire, somme toute, à la fois intéressé et intéressant, histoire de vivre « pleinement » et « comme il se doit », sa corona-époque… Et continuer, spécificité oblige, à chercher sa plus parfaite expression pour se démarquer dans sa « Tunisianité », et parvenir par conséquent à s'affirmer en tant qu'individu propre, quand bien même fait-il dorénavant partie prenante, de toute façon, d'une actualité décidément globale et globalisée, inéluctablement cloîtrée dans ce désormais grand-petit corona-village, appelé « planète terre »… En s'évertuant, chemin faisant, à s'accorder, coûte que coûte, ne serait-ce qu'une place sous le soleil dans ce désormais corona-univers qui se veut, aujourd'hui et de facto, plus que jamais virtuel ! Sacré yoyo ! La recette, vous dites ?