Seize dinars le kilogramme de « zgougou », ce n'est pas du tout donné. Après avoir longtemps coûté de cinq à six dinars, l'on peut dire que le prix a triplé. Pourquoi ? Parce que la demande, elle aussi, est passée du simple au triple. Pourquoi la demande a triplé ? A cause d'une aberration ayant gagné nos foyers. Oui ! l' « assida-zgougou » est une bizarrerie. Elle n'a rien à voir avec notre sainte religion et notre « sounna ». Nos ancêtres, à commencer par notre saint Prophète, sont innocents de cette curieuse et budgétaire tradition. La véritable tradition ne nous aurait pas coûté énormément : un appétissant bol géant de « assida » de farine, bien « arrosé » d'huile d'olive, aurait été suffisante. Ce bol si sobre et si alléchant aurait fait le bonheur et la joie de tous les foyers du bon vieux temps. Les dégâts « incontournables » ne s'arrêtent pas là. Puisque les nombreux bols multi-dimension « doivent » être garnis à grands frais bien patiemment, surtout de pignon et de pistache, évidemment. Et l'on s'active à qui mieux mieux, pour soigner le look du met si précieux, pour se vanter auprès de tous, d'avoir réussi et « sorti » le bol le plus délicieux… Ce comportement et phénomène malheureux, ne peut que s'expliquer par un esprit simpliste et obtus et l'irrésistible complexe du « m'as-tu-vu ». Tenez, pour la petite histoire, à la veille du Mouled, je faisais mes emplettes dans l'un des hypermarchés. Un monde fou se ruait sur le zgougou et se rangeait à la queu-leu-leu, devant les caissiers submergés. J'ai abordé une vieille dame qui avait l'air tout contente et ravie, d'avoir finalement acquis, la denrée de la… « survie ». je cherchais à arracher poliment ses impressions au sujet de ce qu'elle fait. J'ai été ahuri et sidéré et je n'en croyais pas mes oreilles en entendant dire la ménagère questionnée : « Où est la révolution ? Où est le gouvernement ? Où est la caisse de compensation ? ». C'est dire combien cette denrée est stupidement considérée, comme étant de première nécessite. A ces propos ridicules, je n'ai pas trouvé quoi répliquer. J'ai alors tôt fait de m'en aller, de peur de l'importuner, en lui disant les quatre vérités. Cela dit, un petit conseil d'ami, faite, désormais, comme moi, et vous ne le regretterez pas. Au Mouled, c'est sur la farine que j'ai toujours misé. L' « assida » au « zgougou » est à plus tard renvoyée, sitôt la transe générale et l'orage passés. Le « zgougou » est alors, à un tarif modique et à la portée. D'une pierre deux coups : l'on aurait, ce faisant, contenté Prophète saint et ménagé budget ménager, suffisamment épuisé par les frais d'eau et d'électricité… Larbi DEROUICHE sihem