* Le gouvernement tunisien décidé à conclure un nouvel accord avec le FMI lorsque la crise sera estompée * La Tunisie réduira la masse salariale de la fonction publique de 150 millions de dollars en limitant les embauches, les promotions et les heures supplémentaires * La dette extérieure s'envolera à 110% du PIB et la dette publique atteindra les 89% du PIB Le FMI a publié mardi son rapport sur les perspectives de croissance mondiale. Le pessimisme est de mise chez l'institution de Bretton Woods qui prévoit la réalisation de la pire récession économique jamais réalisé depuis la grande dépression, celle de la crise 29. Le « Grand confinement » devrait entraîner une forte décroissance. En raison de la pandémie, l'économie mondiale devrait connaître une forte contraction de 3 % en 2020, soit un recul bien plus marqué que lors de la crise financière de 2008. En dépit de l'incertitude des prévisions, le FMI prévoit une décroissance de 3,3% pour la région du Moyen Orient et Afrique du Nord (MENA). Le volume du commerce mondial devra chuter de 11%. Une croissance négative de -7,1% est prévue pour l'UE. Bref, des sombres prévisions pour l'économie mondiale et l'économie tunisienne enregistra un fléchissement de 4,3% toujours selon les prévisions du FMI. Les prévisions de croissance mondiale sont extrêmement incertaines et les risques d'une aggravation de la situation prédominent. « Il est indispensable de prendre des mesures efficaces pour éviter de pires résultats. Ces mesures visant à atténuer la contagion et à préserver des vies humaines auront un effet néfaste à court terme sur l'activité économique, mais doivent être considérées comme un investissement important dans la santé humaine et économique à long terme », indique le rapport. Le FMI appelle les dirigeants de par le monde à prendre des mesures d'envergure et ciblées sur les plans budgétaire, monétaire et financier et encourage les banques centrales à soutenir les banques pour renégocier les conditions des prêts accordés aux ménages et aux entreprises en difficulté tout en continuant à évaluer la transparence du risque crédit. Les banques tunisiennes résisteront aux chocs imprévus D'ailleurs dans son dernier rapport sur la stabilité financière dans le monde, le FMI interpelle les autorités à trouver le juste équilibre entre la préservation de la stabilité financière et le soutien de l'activité économique. « Si l'impact de la crise sanitaire est considérable ou de plus longue durée et que l'adéquation des fonds propres des banques est touchée, les instances de contrôle devraient prendre des mesures ciblées, et notamment demander aux banques de soumettre des plans crédibles de rétablissement des fonds propres », prévient le rapport. Autrement dit, le FMI met en garde contre les risques systémiques qui guettent le secteur bancaire et financier dans le monde. Il va sans dire que le FMI estime que les banques tunisiennes sont peu exposées à la dette souveraine et aux passifs libellés en devises, ce qui accroît leur résistance aux chocs imprévus. Les réserves en devises déchoiraient à 3 mois d'importations en Tunisie S'agissant de l'économie nationale, le FMI prévoit une contraction de la croissance de 4,3 % en 2020, soit la récession la plus grave depuis l'indépendance. Il est vrai que son Conseil d'administration a approuvé vendredi dernier le décaissement en faveur de la Tunisie d'une enveloppe de 745 millions dollars, soit 2% du PIB tunisien et ce pour faire face à la crise sanitaire, mais aussi pour maintenir un niveau de réserve en devises adéquat. Toutefois cette ligne de crédit accordée au titre de l'instrument de financement rapide alourdira davantage la dette extérieure de la Tunisie laquelle atteindra selon les prévisions du FMI 110% du PIB en 2020. Idem pour la dette publique qui s'envolera à 89%du PIB au terme de l'exercice fatidique 2020. Pour le FMI, « l'IFR empêchera la couverture des réserves de la Tunisie de tomber au seuil critique de 3 mois d'importations, ce qui garantira des volants de réserves suffisants dans un contexte d'incertitude sans précédent et renforcera la confiance. Il convient de noter également que ce mécanisme offrira une protection plus forte en cas de nouveaux chocs ou de reprise prolongée après l'épidémie de COVID-19 ». Les promesses du gouvernement tunisien… A priori et pour bénéficier de cet instrument de financement rapide, le gouvernement Fakhfakh a pris plusieurs engagements dont la conclusion d'un nouvel accord de financement avec le FMI après l'achèvement de l'accord MEDC en mars 2020. Les responsables du FMI ont acquiescé les mesures d'urgence prises par les autorités tunisiennes qui se sont engagées à réduire d'environ 150 millions de dinars (soit 0,1 % du PIB) la masse salariale de la fonction publique pour 2020 et ce en limitant les embauches, les promotions et les heures supplémentaires dans les domaines qui ne sont pas concernés par la riposte à la crise. Le gouvernement tunisien s'est engagé post-Covid à prendre des mesures pour améliorer les soldes budgétaires du pays à travers la réduction des subventions énergétiques et de la masse salariale, laquelle demeure parmi les plus élevées au monde selon le FMI. La réforme des grandes entreprises publiques fait également partie des promesses avancées par l'Etat.