L'Agence de notation Fitch Ratings a confirmé la notation par défaut à long terme de la Tunisie à «B +» avec une perspective négative. La note de la Tunisie est limitée par une dette publique et extérieure élevée et croissante reflétant des déficits importants, une croissance économique modérée et un environnement politique et social difficile. Ces résultats sont enregistrés dans une faible volatilité de la croissance du PIB et un bilan du service de la dette épuré. Les perspectives négatives reflètent les pressions persistantes sur les liquidités extérieures découlant des importants besoins de financement, qui représenteront en moyenne 13,2% du PIB par an en 2018-2020 selon les prévisions de Fitch, la détérioration des termes de l'échange, les réserves en devises étrangères et une inflation élevée. En dépit de certains progrès en matière d'assainissement budgétaire, la mise en œuvre de réformes fiscales impopulaires reste lente et des pressions sont exercées en faveur d'une augmentation des salaires dans un contexte de fort mécontentement social et d'intensification des divisions politiques. Chocs exogènes Le manque de marge de manœuvre budgétaire et externe amplifie la forte vulnérabilité de l'économie aux chocs exogènes, liés notamment à la hausse des prix du pétrole, au durcissement des conditions de financement internationales, à la faiblesse de la demande européenne ou aux risques pour la sécurité. Les déficits élevés cumulés du compte courant ont entraîné une augmentation rapide de la dette extérieure brute de la Tunisie, qui est passée de 60,1% en 2014 à 87,5% du PIB en 2017. Fitch prévoit une hausse à 102,8% en 2020. Le PIB a été impacté par la dépréciation du dinar et de la hausse des prix du pétrole. La réforme des politiques et la hausse de la production nationale d'hydrocarbures avec la mise en service du gisement de gaz de Nawara contribueront à améliorer la production énergétique, qui représentera 8,5% du PIB en 2020, selon les prévisions de l'agence. L'élargissement du panier des devises augmentera la flexibilité du dinar et réduira la pression exercée sur les réserves de change en baisse de la Tunisie. Le ferme soutien des créanciers dans le contexte de la transition démocratique en Tunisie va contribuer à atténuer les risques de liquidité externes. Les décaissements officiels de prêts couvriront près de la moitié des besoins de financement de l'Etat en 2018 et 2019. Les résultats obtenus par la Tunisie dans le cadre de son accord avec le FMI pour 2016-2020 se sont sensiblement améliorés grâce à l'achèvement de trois examens de programmes en 2018, mais les risques de mise en œuvre sont élevés. Réduire les subventions énergétiques Certains donateurs internationaux se sont rapprochés de leurs limites prudentielles internes en termes d'aide financière à la Tunisie. Les autorités s'attendent à ce que ces créanciers continuent leur soutien, mais cela aggrave les risques de liquidité externes à moyen terme, en particulier en cas de dérapage budgétaire important. Le déficit de l'administration centrale diminuera pour la première fois en quatre ans en 2018, passant de 6% en 2017 à 4,8% du PIB (dons inclus), conformément à l'objectif budgétaire. L'amélioration découle de l'augmentation des impôts indirects, mais aussi des efforts de rationalisation des dépenses du budget. Le gouvernement a pour objectif de réduire la masse salariale de 15,6% du PIB en 2018 à 12,4% en 2020, en limitant les recrutements et les augmentations de salaires. L'Etat prévoit également de réduire la facture de subventions énergétiques en continuant d'ajuster les prix des hydrocarbures sur une base trimestrielle. Une réforme des retraites visant à remédier au manque de liquidités à court terme du fonds public de prévoyance a été soumise au Parlement en juin. Fitch prévoit que le déficit de capital-risque se réduira à 4% du PIB en 2019 et à 3,5% en 2020, contre des objectifs officiels respectifs de 3,7% et 2,5%. L'agence ne prévoit que des progrès lents en matière de réduction de la masse salariale dans un contexte de demande continue d'augmentation des salaires par les syndicats. Le déficit des administrations publiques (qui comprend la sécurité sociale et les soldes des administrations locales) se réduira par conséquent à 3,6% du PIB en 2020, contre 5,9% en 2017. Une hausse des prix du pétrole, des retards supplémentaires dans l'approbation de la réforme des retraites ou la poursuite des pressions sur la masse salariale poseraient des risques importants pour le déficit.