Il était une fois deux rats qui en cherchant leur vie trouvèrent un œuf. Il n'était besoin qu'ils trouvassent un bœuf. C'est ce que dit La Fontaine dans l'une de ses fables. Ce qui est remarquable. Car pour vivre, un bœuf n'est pas indispensable. Surtout qu'un œuf, cuit, à la coque ou même cru, peut suffire, à assouvir sa faim. Encore faut-il l'avoir et là c'est une autre paire de manches et une question de moyens, qui ne sont pas les mêmes pour tous les citoyens. Entre ceux qui triment et ceux qui friment, ceux qui spéculent et ceux qui sont crédules, il y a anguille sous roche. D'aucuns étant vaniteux et présomptueux comme la mouche du coche, alors qu'ils n'ont rien dans la caboche. D'autres au contraire, même s'ils n'ont pas un sou en poche, ils ont le cœur sur la main, quand bien même ils aient connu la faim, et qu'ils fussent obligés de défier le destin. Ne dit-on pas que la faim justifie les moyens. Oui, la faim avec m, car la « fin » ainsi orthographiée est pour ceux qui mangent à tous les râteliers. Les accapareurs et les spéculateurs, qui ne s'intéressent qu'à l'argent du beurre, ne comprendront jamais qu'ils courent à leur fin, et que si vite que coure le mensonge, la vérité un jour le rejoint.