Le cercle des privilégiés dans les médias rétrécit autour de nos décideurs au grand dam des autres journalistes pleins de bonnes intentions et d'idées permettant d'acculer les responsables politiques de vider leur sac et de dire la vérité… toute la vérité et rien que la vérité. Le chef du gouvernement, Elyès Fakhfakh a fait ses choix, pour présenter les nouvelles décisions concernant la lutte contre la propagation du coronavirus, avec le cérémonial digne, certes, de son rang. Malheureusement, il a fait les mauvais choix au mauvais moment, pour annoncer les nouvelles mesures. Face à deux journalistes sélectionnés pour absorber les paroles du président du gouvernement, comme un Coran, ils ont pataugés, malgré tout le respect que je dois à des confrères. Tous les deux n'avaient manqué de marquer leur assentiments, avec des mouvements de la tête et les paroles qu'ils sont, totalement, d'accord avec tout ce que leur déverse Fakhfakh. Il n'ont même pas osé poser une ou deux questions pertinentes qui auraient pu nous sortir du train-train énervant de cette interview. Toutefois, il faut dire que le président du gouvernement a, pour sa part, fait de telle sorte de nous sortir de la torpeur, surtout lorsqu'il avait évoqué, entre autres, des questions brûlantes, comme celle du député-homme d'affaires qui, selon ce qu'on raconte, aurait été choisi dans l'appel d'offres pour la fourniture des bavettes lavables. Dans ses réactions, Fakhfakh a été agressif à souhait, pour défendre sa thèse qui, pourtant, était en infraction à la Constitution tunisienne, la plus haute autorité qui régit le pays Et, malgré toute notre compréhension, tout le monde aurait aimé qu'il ait lu la constitution qui interdit –je dis bien : interdit- aux députés de bénéficier de marchés publics. Par conséquent, oser défendre le principe d'octroi de marchés publics à un député constitue une infraction à cette constitution considérée comme « l'une des meilleures du monde », mais qui est quand même pleine de failles. Les attaques contre ce qu'il considère comme des « pêcheurs en eau trouble » n'est qu'un moyen pour se voiler la face, parce que, autant que Fakhfakh, ceux qui critiquent ces comportements ont aussi des soucis pour l'avenir du pays et ils sont loin d'être des empêcheurs d'agir ou des dénigreurs de l'action gouvernementale. Comme si nous n'avons pas assez, imaginons que ces avocats ou autres professionnels, parmi les élus, font de même et continuent à exercer leur métier… qu'est-ce que cela va donner, avec le jeu d'influence qu'ils vont exercer. Il suffit de voir le petit exemple des plaintes déposées auprès de l'Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC) dans la région de Gafsa où les députés et les délégués font des leurs et tentent de mettre leur nez dans les circuits de distribution. Non, personne ne peut accepter qu'on puisse défendre la corruption pour n'importe quelle cause, si noble soit-elle. Parce que la corruption, c'est tout simplement une gangrène et si on lui donne libre-court, on risque d'aller tête au mur. Les corrompus, les spéculateurs et les contrebandiers sont aux aguets pour trouver une faille dans le système et s'ils la trouvent, ils vont chercher à l'élargir… et, alors, bonjour les dégâts !