* Un premier lot de 200 mille kits de dépistage rapide sur un total de 2 millions sera réceptionné d'ici de la fin de la semaine L'utilisation des kits de dépistage rapide du Covid-19 a démarré, hier, en Tunisie. Trois Gouvernorats du Grand-Tunis (l'Ariana, La Manouba et Ben Arous) ont a été les premiers à bénéficier de ces tests qui détectent la présence du virus à partir d'une goutte de sang en quelques minutes. Ainsi, 250 personnes représentant des cas suspect, c'est-à-dire qui font partie de l'entourage rapproché d'un cas confirmé ou présentant des symptômes très évocateurs de la maladie, ont été dépistées dans le gouvernorat de la Manouba, selon la directrice régionale de la santé, Imen Souissi. Ces tests de dépistage rapides sont appelés à se généraliser et à s'intensifier dans les jours à venir. Le directeur de l'Institut Pasteur, Hachemi Louzir, a en effet révélé qu'entre 450 et 500 mille personnes seront soumises à des tests de dépistage rapide du coronavirus au cours des prochains jours. Un premier lot de 200 mille kits de dépistage rapide sur un total de 2 millions a été réceptionné hier. Mais ce n'est pas tout. Lors de sa participation à une séance de travail avec le président de l'Union Générale Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA) et les responsables du syndicat national des fabricants des médicaments, le ministre de la Santé, Abdellatif Mekki, a assuré que la Tunisie recevra au total quelque deux millions de kits de dépistage rapide de divers types dans les semaines à venir. Il a également indiqué que l'utilisation ces tests rapides entrent dans le cadre de la stratégie de dépistage massif destinée à préparer et à accompagner la levée du confinement général décrété le 22 mars dernier. Dépistage ciblé Mais les kits de dépistage rapide, dont la fiabilité tourne autour de 70%, ne seront pas pour autant utilisés à tort et à travers. Leur utilisation repose en effet sur le principe du dépistage ciblé, qui concerne notamment au niveau des régions soupçonnées d'être des foyers épidémiques, des clusters et dans l'entourage élargi des personnes porteuses du virus. Jusque-là, la Tunisie n'a utilisé que des tests de type PCR (Polymerase Chain Reaction») pour dépister le Covid-19. Le test PCR consiste en un prélèvement naso-pharyngé (c'est-à-dire dans la gorge et nez) qui se fait à l'aide d'un petit écouvillon inséré dans le nez. Son taux de fiabilité est élevé mais son coût élevé et sa disponibilité sur le marché international font empêchent son utilisation pour le dépistage massif, notamment dans les pays en voie de développement. La Tunisie répond ainsi à une recommandation du directeur de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui a lancé depuis mi-mars dernier le message suivant à tous les pays : «Testez, testez, testez, testez tous les cas suspects de Covid-19. (…) Vous ne pouvez pas combattre un incendie les yeux bandés. Et nous ne pourrons pas stopper cette pandémie si nous ne savons pas qui est infecté». Selon cette logique, le confinement, les gestes barrières, la distanciation sociale et le port généralisé des masques sont efficaces pour briser les chaînes de transmission du virus, mais le dépistage massif demeure le meilleur bouclier pour freiner la pandémie. Les pays qui ont adopté des stratégies de dépistage massif récoltent aujourd'hui les fruits de cette mesure et ont déjà commencé à lever progressivement le confinement général. La Corée du Sud, qui s'appuie sur 96 laboratoires et une capacité colossale de production de tests, a vu sa courbe de contaminations chuter rapidement. La population de ce pays asiatique a d'ailleurs repris depuis lundi le chemin du travail mais aussi des centres commerciaux, des parcs, des parcours de golf et même de certains restaurants en vertu de l'assouplissement des mesures de distanciation sociale. Sur le vieux continent, l'Allemagne, qui a effectué jusqu' à 150.000 tests PCR par semaine en février et mars avant d'augmenter cette capacité à 500 mille tests par semaine en avril, a entamé lundi son déconfinement, juste après que le ministre de la Santé, Jens Spahn, a annoncé que la pandémie est « sous contrôle et gérable».