C'est un luxe que l'on ne peut pas se permettre tous les jours. Et qu'il faut savoir saisir au vol, lorsqu'il se présente, comme la chance, qui parfois, s'avance masquée. Mais il faut avoir le regard aiguisé, et surtout, le désir d'en découdre, pour savoir la reconnaître, lorsqu'elle passe à côté de vous, à vous toucher parfois, pour ne pas la laisser s'échapper. Une fraction d'inattention, c'est toujours une fraction de trop. Mais il faut aussi aimer les livres, puisque c'est bien les livres qui sont au cœur de l'opération de soutien, lancée par le ministère de la Culture, à partir d'aujourd'hui, en collaboration avec la cellule de crise de la Santé publique, afin que tous les centres de confinement, à travers la République, soient dotés de livres, pour aider les confinés à supporter les contraintes de l'enfermement. Et de l'éloignement de leurs familles. « Lire pour vivre », lorsque l'on rêve, d'avoir la possibilité, de s'enfermer avec tous les livres que l'on n'a pas eu le temps de lire, en faisant abstraction, même pour un temps bien défini, de la marche du monde, et des exigences du quotidien, pour avoir le suprême bonheur de s'immerger dans des mondes autres, à travers de multiples regards, que sont les regards des auteurs de ces livres, pour mieux rêver avec eux, à d'autres possibles, c'est un sublime cadeau, dont il ne faut, surtout pas, mésestimer le prix ! Car il est, inestimable. La meilleure forme de l'oubli, c'est la lecture. Et il faut en user, sans modération, lorsque l'occasion se présente, dans la mesure où elle ne se présentera pas toujours. Raison de plus pour s'en emparer, avec avidité, comme un voyageur, perdu dans un désert, s'empare, avec une joie immense, de la nacelle d'un puits qui chante, comme un trésor oublié au milieu des dunes chaudes, pour y puiser cette eau, si précieuse, qui étanchera sa soif. Une eau qui est bonne pour le cœur, comme dans le « Petit Prince » de Saint-Exupéry, que le ministère de la Culture devra distribuer, sans modération si possible, pour toute la somme d'enseignements dont on peut en tirer, mine de rien, aujourd'hui, plus que jamais…