A la veille de la célébration de la Journée Mondiale du Travail, l'Observatoire de l'Organisation Internationale du travail a rendu public la 3ème édition de son bulletin sur l'impact du Covid 19 sur le monde du travail. Les heures de travail ont diminué de 4,5% dans le monde au cours du premier trimestre. Un ratio qui passera du simple au double et atteindra les 10,5% au second trimestre selon les prévisions de l'OIT. Chez, nous plus de 75% des entreprises sont impactées par la crise sanitaire. Des pertes d'emplois énormes sont attendues au terme du premier semestre de l'année. Selon la dernière mesure d'impact de l'IACE, 42% des entreprises s'attendent à une baisse des effectifs et 46% d'entre elles seront incapables de payer les salaires du mois d'avril. Même si la Tunisie a relativement gagné la bataille contre la pandémie, le gouvernement « de la transparence et de la confiance » devra affronter au lendemain du déconfinement les étincelles d'une crise sociale aigüe qui se profile à l'horizon. Réussira-t-il à désamorcer cette bombe à retardement surtout qu'il commence à perdre la confiance de son principal partenaire social, l'UGTT? La centrale syndicale monte d'un cran et accuse le gouvernement d'avoir intentionnellement procédé à la déduction de plus d'un jour de travail ouvrable sur les salaires. D'ailleurs, Noureddine Tabboubi, Secrétaire Général de l'UGTT, a appelé hier le gouvernement à l'occasion de la célébration de la fête du travail à prendre toutes les mesures nécessaires pour stopper le prélèvement de la contribution sociale solidaire conjoncturelle. Le torchon risque de brûler dans les jours qui viennent entre l'UGTT et le gouvernement. Au moment où employeurs et employés souffrent le martyr, le gouvernement tâte la voie des mesures douloureuses. A juste titre l'OIT prône des réponses politiques urgentes et d'ampleur pour protéger à la fois les entreprises et les travailleurs notamment ceux travaillant dans l'économie informelle. Selon l'OIT, quelque 436 millions d'entreprises (dont 232 millions actives dans le commerce de gros et de détail) opérant dans les secteurs les plus touchés à travers le monde sont actuellement confrontées à des risques élevés de graves perturbations. « La fermeture des lieux de travail a des répercussions graves et immédiates sur les activités courantes des entreprises et les expose à un risque élevé d'insolvabilité. Même une fois les mesures de confinement levées, les entreprises et les travailleurs indépendants ayant survécu vont continuer d'affronter des difficultés, puisque la reprise devrait être lente et incertaine », note la même source. L'observatoire de l'OIT a présenté dès lors le cadre politique comprenant les quatre axes essentiels pour combattre le covid 19 tout en respectant les normes internationales de travail. Il s'agit de stimuler l'économie et l'emploi, de soutenir, les entreprises, les emplois et les revenus, protéger les travailleurs sur leur lieu de travail et s'appuyer sur le dialogue social pour trouver des solutions. L'OIT appelle ainsi entre autres à la nécessité de renforcer les capacités de résilience des organisations d'employeurs et de travailleurs mais essentiellement au renforcement du dialogue social. La première phase de déconfinement débutera le 4 mai courant en Tunisie avec une reprise progressive de l'activité économique et du travail. De nouvelles mesures sont attendues pour réussir cette nouvelle transition, préserver les postes d'emplois et éviter une bombe sociale qui risque d'être cette fois-ci dévastatrice.