Salem Bouhajeb était un réformiste qui ne cessait d'appeler à l'évolution de tous les musulmans par le savoir et l'esprit critique afin d'éviter de sombrer dans l'obscurantisme et de pouvoir combattre le colonisateur et libérer le pays. Cela ressortait nettement tant à travers ses multiples écrits que ses prêches du vendredi. Ceux-ci étaient bien originaux en ce sens qu'ils étaient en plus de l'aspect religieux, à caractère réformiste. Parlant, en effet, des qualités du Prophète Mohamed, dans l'un de ces prêches, il démontrait comment celui-ci s'intéressait notamment à l'évolution des fidèles tant sur le plan matériel qu'intellectuel. Pour le Prophète Mohamed l'Islam était non seulement une religion, mais un mode de vie incitant à l'évolution des musulmans, leur permettant de sortir du carcan de l'illettrisme et de l'injustice dans lesquels vivaient les Arabes à l'époque de la « Jahilya » (antéislamique). Salem Bouhajeb fit plusieurs fois dans ses prêches allusion aux méfaits de l'injustice affectant les sociétés arriérées. L'injustice dit-il est le corollaire de l'obscurantisme et de l'intolérance. L'Islam incite à travers le Coran à la tolérance permettant d'instaurer la paix et la justice parmi les hommes. Toutes ces idées se retrouvent dans l'ouvrage de Khayreddine (Aqwam Al Massalik) « les meilleurs voies pour la connaissance des royaumes ». Ce qui prête à croire que le Cheikh Salem Bouhajeb en était sinon le rédacteur, en tout cas l'initiateur. Mort en juillet 1925, il marqua tant par ses œuvres que par son action réformatrice et militante tout le début du 20e siècle.