Acteur, scénariste et producteur tunisien, Fathi Hadaoui a toujours représenté l'artiste « mage » admiré par plusieurs téléspectateurs, inspirés par son talent indubitable : « Yaoumiett Imraa », « Ghada », « Sayd Erim », « Le président », des noms de séries et de feuilletons qui en témoignent vivement. Doté d'une effervescence majestueuse et d'une verve artistique solennelle, ce dernier possède une incroyable aptitude à capter le public : grands et petits se trouvent impressionnés devant l'aisance et l'authenticité de son jeu. Le plus souvent, ce dernier incarne le rôle du père impulsif, sévère et dominant ou encore celui d'un patron astreignant, du coureur de jupon, de l'époux exigeant ou aussi du mafieux, débrouillard et rusé, comme est le cas de « Awled Moufida ». Cette année, précisément pendant ce mois saint, cet acteur se procure un jeu protéiforme : nous le voyons inconstant, irrégulier, en train de se métamorphoser du rôle habituel et constant qu'on lui a beau attribuer, à celui du « Dandy » à la chemise rose, aux gestes féministes fins, au comportement anodin et aux réactions provocantes : l'image paternelle culminante se transforme en celle de « Ridha », père apathique, irresponsable et indifférent à l'égard des soucis de sa famille. Différent à celui joué dans « Galb Edhib » et « Awled Moufida », le rôle joué dans « Nouba 2 » se distingue par la dextérité, la souplesse et la légèreté. C'est là où réside justement la force d'un grand acteur, capable de fluctuer, d'osciller entre force et faiblesse, virilité et fermeté d'une part et féminité et impuissance, d'autre part. Emerveillée face à l'originalité du rôle de cet acteur, Sarra, une jeune fille de vingt ans, en témoigne : « Cet artiste a toujours tenu en haleine un spectateur qui l'estime énormément. Si je suis fidèle à certains feuilletons, c'est sans doute grâce à sa présence captivante : j'apprécie ses mouvements, ses moindres agitations loin d'être machinales ou mécaniques ; elles sont plutôt avérés, débordées d'énergie et de vivacité ». Le jeu éloquent de ces grandes figures auxquelles on s'est habitué, s'oppose, en revanche, à celui de certains acteurs dont la présence déçoit et stimule désagrément et déplaisir. Remarquons-le, certains noms sont « élus » par les réalisateurs, choisis en fonction de leurs looks, beautés, styles et non de leur professionnalisme. Des « instagrameuses », devenues célèbres grâce à un casting qui tolère la vulgarité, sollicite l'abus et cherche des critères indécents correspondants aux rôles à jouer. Suivons les pas de ces grands acteurs, qui pour se présenter sur le petit-écran, réfléchissent, pensent maintes fois aux échos, s'exercent pour enfin, éblouir. Etre acteur c'est se déformer en fonction des rôles proposés, c'est sortir de sa zone de confort, du rôle typique auquel le public s'est adapté, pour incarner d'autres plus audacieux et plus ardents car, pour reprendre Alain Delon, « L'acteur est une personnalité, prise et mise au service du cinéma par un concours de circonstances ». Oui, l'acteur, le vrai, doit être malléable, apte de prendre en charge tous rôles confondus.