C'est une cyberattaque d'une ampleur inédite : le Réseau national universitaire a été piraté, et un gigantesque fichier contenant des milliers de documents sensibles a été mis en ligne sur Telegram. Selon les premiers éléments relayés par des groupes spécialisés dans le hacking, les auteurs de l'attaque seraient d'origine maghrébine. Mais au-delà de l'attaque elle-même, c'est le contenu des fuites qui pose un problème : cartes d'identité nationales, relevés de notes, diplômes du baccalauréat, dossiers administratifs, informations médicales et sociales… des pans entiers de la vie privée de milliers d'étudiants sont désormais en libre circulation sur la messagerie cryptée.
Pour l'heure, le ministère de l'Enseignement supérieur n'a publié aucun communiqué pour expliquer ou rassurer. Et pourtant, la faille est béante. Les étudiants ont remis leurs informations personnelles à l'administration avec confiance, convaincus que l'Etat en était le dépositaire légitime, mais se retrouvent avec leurs documents divulgués, leur identité exposée, avec des risques réels d'usurpation. Le réseau en question connecte les institutions universitaires tunisiennes. Il permet aux étudiants et aux chercheurs d'accéder à des ressources numériques, de communiquer et de collaborer.
Face à l'ampleur de l'attaque, l'Union générale des étudiants de Tunisie (Uget) a rapidement réagi, dénonçant « un attentat numérique contre l'un des espaces les plus vitaux de la vie universitaire ». Dans un communiqué publié mardi 8 juillet 2025, l'Uget tient les autorités tunisiennes, et en particulier les ministères de l'Enseignement supérieur et des Technologies de la communication, pour entièrement responsables de cette faille, due à « la négligence et au manque d'investissement dans la sécurité numérique des plateformes universitaires ». Le syndicat étudiant appelle à l'ouverture immédiate d'une enquête sérieuse, transparente et publique, exige une réforme structurelle du système de cybersécurité universitaire, et alerte sur « l'absence d'une stratégie nationale digne de ce nom pour faire face aux menaces croissantes dans le domaine digital ». Il prévient également contre toute tentative d'instrumentalisation sécuritaire de cette affaire pour restreindre les libertés étudiantes ou la libre expression dans le cyberespace universitaire. Pour l'Uget ce qui s'est produit n'est pas une simple « incident technique », mais « le révélateur d'un système en déroute, incapable de s'adapter aux exigences de l'époque ». « Ce n'est pas un accident, c'est un signal d'alarme », martèle le communiqué, appelant à repenser en profondeur les politiques numériques dans le secteur de l'enseignement supérieur.