Par un heureux concours de circonstances, et malgré les aléas du présent, l'Aïd el Fitr, marquant, dans quelques jours, la fin du jeûne de mois de ramadan, tombes-en cette période du mois de mai, autrefois, consacrée, dans plusieurs régions de la Tunisie, à la célébration de fêtes populaires en l'honneur du printemps. Ces réjouissances populaires du printemps avaient ainsi lieu le 14 mai tant à Tozeur, grande ville du Djérid au Sud de la Tunisie, qu'au Kef et Béja, dans le Nord-ouest, et sous des formes et des explications en apparence différentes. Les réjouissances de Tozeur avaient des intonations qui semblaient pharaoniques, car on y évoquait le Pharaon mais aussi un certain personnage du nom de «Harous», qu'on pourrait prendre pour l'ancien dieu pharaonique Horus. Mais, il s'agissait en toute vraisemblance d'une forme de prononciation du mot « harissa ». En effet, dans la ville du Kef et à Béja, la fête du printemps est encore célébrée à travers la préparation d'un couscous sucré et salé appelé « berzguène » qu'on trouve aussi en Algérie. Or, selon des spécialistes, le berzguène est, à l'origine, une bouillie de froment cuite avec de la viande et autres ingrédients (sucre et fruits secs). Cette ancienne bouillie existe encore sous des formes plus élaborées dans les pays arabes du Proche Orient et en Iran et elle s'appelle justement « harissa », comme la harissa sucrée chez nous, ou encore chez les égyptiens sous le nom de « basboussa ». Le plat ou gâteau d'harissa sucré a connu beaucoup d'améliorations en Syrie et en Palestine où il est très apprécié et se prépare dans les grandes occasions, comme le berzguène au Kef et à Béja. Son nom dériverait du verbe « harrassa » employé en arabe au sens de « piler », d'où son extension à la harissa forte à base de piment, une spécialité typiquement tunisienne. Cependant, cette dérivation est discutable, car le mot « berzguène », synonyme du mot «harissa», est d'origine orientale et plus exactement iranienne, selon les spécialistes, et revêt, dans la langue persane, un sens qui a un rapport avec le sens d'ancien. Nous continuons encore de célébrer les grandes occasions comme celle de l'Aïd el Fitr par la préparation et la consommation de toutes sortes de gâteaux sucrés et de mets salés