Fermés depuis deux mois pour cause de confinement, de nombreux cafés sont en difficulté. Ils sont lourdement touchés par la pandémie de Covid-19. Nombreux sont ceux qui vivent dans l'angoisse de mettre la clé sous la porte et ne jamais rouvrir. Avec une trésorerie au plus bas, les plus fragiles ne peuvent souvent ni payer leur loyer, ni le salaire des travailleurs, ni les factures de la STEG et de la SONEDE En effet, la fermeture de ces espaces, lieux de rencontres, d'échanges sociaux, d'affaires et de débats, a eu des répercussions sur toute une population de clients et d'habitués inconditionnels qui s'est retrouvée privée d'un cadre socioculturel. Certains cafetiers et leurs clients n'ont d'ailleurs pas pu résister au désir de contourner les lois pour se retrouver clandestinement sur les lieux. Inquiets pour leur survie, ces établissements vivent un cauchemar. Certains ont peur de ne pas se réveiller. Ils ont organisé des sit-in pour appeler les autorités à reprendre leurs activités. Ils étaient 300 personnes à se rassembler avant hier devant le siège du gouvernorat de Nabeul, pour exiger la réouverture de leur commerce. Le gouverneur de Nabeul, Mohamed Ridha Mlika a reçu une délégation des sit-ineurs et écouté leurs doléances. L'impact de cette crise est dramatique, disent-ils. "Sans visibilité, ni sur la date ni sur les conditions de reprise, ils comptent les jours avec un chiffre d'affaires à zéro. Même en réussissant à reprendre une activité normale pour le mois de juin prochain, les dégâts pour la santé financière de nos cafés seront déjà trop grands. Les plus fragiles d'entre nous risquent d'y rester, et ceux en bonne santé devenir à leurs tours fragiles", avoue Hédi, un jeune cafetier "Notre profession est lourdement sinistrée. Nous sommes tous logés à la même enseigne, sans savoir ce qui va se passer, souligne un cafetier d'Hammamet. On a tous fermé nos établissements. Comment va-t-on les rouvrir ? Pour l'instant, notre staff est au chômage partiel. Je suis plus inquiet pour l'avenir surtout que nous devrons payer le loyer, le personnel, la CNSS et d'autres charges : la perte du chiffre d'affaires sera là et on devra faire face. Ce sera terrible pour le secteur qui vit depuis trois mois des difficultés énormes". "C'est une catastrophe", soutient Habib, propriétaire d'un café. "Notre chiffre d'affaires a baissé de plus de 100% .On va avoir de gros problèmes pour nous en sortir". Mohamed Ali, un serveur a du mal à résister à cette crise. "Je suis au chômage depuis deux mois. Je n'ai pas bénéficié des 200 dinars, aide sociale octroyée par le ministère des Affaires Sociales alors que j'y ai droit. J'ai une famille à nourrir et je n'arrive plus à payer ni le loyer, ni les factures".