LE TEMPS - Poursuivant leur action contre les décisions prises au pied-levé, pour les écarter, les 21 douaniers mis à la retraite d'office, ont organisé, hier, un sit-in, place de la Kasbah, devant la présidence du gouvernement. Ils contestent et refusent de se plier à ces décisions qui ternissent leur honneur et portent atteinte à leur dignité. Les douaniers ne lâchent pas prise, surtout que environ deux semaines après la décision du ministère, ils n'ont reçu ni document leur signifiant les accusations qui sont portées contre eux, ni de convocation devant la justice. Cela jette une ombre sur le degré de crédibilité des auteurs de cette mesure, le moins qu'on puisse dire, indigne d'un pays qui se veut celui du droit et des institutions. Par ailleurs, le syndicat des fonctionnaires de la Direction générale des unités d'intervention a exprimé son "refus de principe" contre la décision de mise à la retraite obligatoire d'un certain nombre de cadres et agents de la douane pour suspicions de corruption. Cette décision est "contraire à l'esprit démocratique et aux droits et libertés fondamentales et constitue une atteinte au pouvoir judiciaire", souligne le syndicat. Il s'agit, également, d'"une violation des dispositions de la loi", estime le syndicat dans une déclaration publiée, mercredi soir, à l'issue d'une réunion avec les douaniers concernés par cette mesure. La mise à la retraite obligatoire de certains officiers de la Douane, décidée dernièrement par le gouvernement, est une mesure qui "porte atteinte au principe des droits de la défense et aux garanties constitutionnelles", lit-on de même source. Le syndicat affirme avoir pris connaissance de l'ensemble des données qui "prouvent l'innocence de ces derniers et les blanchissent des accusations de corruption". "La commission juridique du syndicat se chargera d'examiner les preuves et d'élaborer ensuite une stratégie de défense, avant de contacter les différentes parties chargées de cette affaire", ajoute la même source. La mise à la retraite obligatoire de 21 agents et cadres de la Douane fait suite à une plainte déposée le 26 mai 2017 par l'Instance Nationale de Lutte contre la Corruption (INLUCC), en raison de leur présumée implication dans des opérations commerciales douteuses, avait indiqué la conseillère juridique de l'INLUCC, Noura Rezgui, le 15 mai dernier. D'après elle, "la plupart de ces officiers sont suspectés d'avoir facilité des opérations d'importation à des hommes d'affaires influents et fourni la protection nécessaire pour assurer le transport de leurs marchandises". Elle avait tout de même souligné, dans sa déclaration, que "la justice n'a pas encore statué sur cette affaire". Pour rappel, le ministère des Finances a décidé, le 13 mai 2020, de procéder à la mise à la retraite d'office de 21 officiers de la douane, en tant que sanction administrative, selon une source informée de la douane.