Le plus grand facteur inquiétant, dans le paysage politique actuel est l'absence de cohésion entre la coalition gouvernementale. Outre les flêches tirées de part et d'autres, entre les composantes de la ceinture parlementaire, le pays est confronté, actuellement, à des tiraillements d'un autre ordre, avec les exigences d'Ennahdha d'un élargissement du cabinet d'Elyès Fakhfakh qui, déjà, est critiqué pour le nombre de ministre qu'il comprend, en plus des conseillers auprès du président du gouvernement, alors qu'on avait promis au départ, un cabinet restreint. Ainsi, Fakhfakh est entre l'enclume et le marteau : ou bien il cède aux exigences du mouvement islamiste, pour incorporer, encore, d'autres ministres, provenant, cette fois-ci de Qalb Tounès et de la coalition Al-Karama, ou bien il sera condamné à la dissolution, si Ennahdha ne signe pas le « Pacte de solidarité et de stabilité ». Et, alors, on se demande à qui profitera cette situation, alors que le pays a besoin de stabilité, pour commencer le grand chantier qui l'attend pour la reconstruction de l'économie, après la crise du Covid-19. Mohamed Ben Ammar, membre du bureau politique du parti Courant démocrate (Attayar) a estimé que la réticence du mouvement Ennahdha à propos du document gouvernemental intitulé "Pacte de solidarité et de stabilité" a retardé sa signature. Il a précisé qu'Ennahdha conditionne la signature du document par l'élargissement de la coalition gouvernementale. Et d'ajouter qu'Ennahdha a soumis de nouvelles propositions à inclure dans le document gouvernemental qui devront être discutées dans les jours à venir. Le dirigeant du Courant démocrate (une des composantes de la coalition gouvernementale) estime que ce document a pour objectif de resserrer les relations entre les partis de la coalition et de promouvoir l'action du gouvernement pour entamer l'examen des dossiers portant notamment sur la réforme administrative et les établissements publics. Il a indiqué que son parti est à l'origine de cette initiative et a chargé un comité de son bureau politique de contacter toutes les parties de la coalition gouvernementale en vue de faire réussir l'action du gouvernement Fakhfakh. A noter que le secrétaire général du mouvement Echaâb Zouhaier Maghzaoui avait déclaré, mercredi, que le mouvement Ennahdha a refusé de signer le document de solidarité gouvernementale. Les relations entre le mouvement Ennahdha, d'une part, et ses partenaires au gouvernement ne sont pas au beau fixe, surtout avec Attayar et Echaâb avec lesquels les dissensions sont apparus depuis, bien longtemps. Le mouvement islamiste met Fakhfakh dos au mur, surtout qu'il a, toujours, fanfaronné autour de l'impossibilité d'inclure Qalb Tounès alors que ce parti a, déjà, claqué la porte et affirmé qu'il reste dans l'opposition et qu'il n'est pas prêt à participer au gouvernement. En outre, si Fakhfakh abdique et inclut la Coalition Al-Karama dans son cabinet, il est certain qu'il ne fera que précipiter la chute de son gouvernement, surtout que les autres membres de la coalition gouvernementale n'accepteront jamais à travailler avec cette frange considérée comme extrémiste. Elyès Fakhfakh est dans un cul de sac, parce qu'il n'a pas tiré les leçons du passé, concernant les agissements d'Ennahdha. Il s'est, certes, précipité, mais il aurait dû regarder plus loin, surtout que le sursis qu'il a obtenu n'est dû qu'à la trève de la crise du Covid-19.