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Du concept de «la diplomatie parlementaire»
Publié dans Le Temps le 04 - 06 - 2020

Lors d'une conférence de presse tenue mardi 2 juin au siège de l'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), le block du mouvement Ennahdha, en les personnes de Noureddine Bhiri et Yamina Zoghlami a présenté une vision assez originale du concept de diplomatie parlementaire tel que le mouvement islamiste le définit. Une définition qui entend défendre les comportements répétés de leur chef de parti, Rached Ghannouchi, chef de l'ARP, ayant multiplié les rencontres en solitaire avec le président turc Recep Taieb Erdogan, et le chef du gouvernement de Tripoli, M. Sarraj.
La première remarque qui se dégage des deux interventions des députés d'Ennahdha, c'est l'absence bien soignée du terme de complémentarité entre ces agissements et la diplomatie effective dirigée par le Président de la République et son ministre des Affaires étrangères. A aucun moment les deux orateurs n'ont fait allusion de près ou de loin à une quelconque relation de complémentarité entre l'activité diplomatique tunisienne officielle et les agissements de leur chef sous la casquette de la présidence de l'ARP. Ce qui a donné l'impression que le parti Ennahdha est déjà passé à l'offensive, en défendant son chef contre vents et marées.
Cette tendance bien préméditée a été renforcée par l'esquive de tout propos sur les consultations nécessaires préalables à ce genre d'initiatives, avec les députés ou leurs chefs de blocs. Ce qui a orienté le contenu de la conférence de presse vers une idée que Rached Ghannouchi avait avancée, dès le tollé soulevé par ses actes. Il s'agit de la réduction de ces agissements à des activités personnelles de Ghannouchi, lesquelles ne nécessitaient aucune consultation avec personne.
Dans ce marasme de définitions plus floues les unes que les autres, il semble que les défenseurs de Ghannouchi ont, non seulement défendu la légitimité de tels contacts en dehors de toute texte les réglementant, mais, plus grave, leur manière de poser la question à l'envers a mis l'auditoire dans la conviction que le parti Ennahdha n'entend plus défendre comme tels des agissements non-fondés. Au contraire, les représentants du parti islamiste entendaient consacrer ces agissements comme étant dans « la nature » de l'action parlementaire, sans aucune restriction constitutionnelle ou statutaire. Une position qui nous a poussés à reprendre le concept à la base. Ce que nous avons découvert ne convient aucunement au principe nouveau que les députés nahdhaouis ont défendu lors de leur conférence de presse récitée devant les médias de la place.
Les limites premières de la diplomatie parlementaire
Tout d'abord, et dans les limites de l'actuelle constitution tunisienne, le chef du parlement ou un quelconque chef de parti n'a aucun droit à engager des discussions à aucun niveau avec des tiers étrangers, sous peine de sanctions pour abus et crimes qui peuvent aller jusqu'à la haute trahison.
Une découverte dans la foulée, la diplomatie parlementaire n'a aucune consistance juridique que dans le cadre de négociations avec des Etats ou des organisations régionales et internationales, sur la préparation de « drafts » ou projets de conventions ou d'accords à signer ultérieurement par les « Etats ».
En fouillant à la recherche d'expérience similaire chez des parlements de pays démocratiques voisins, on a trouvé toute autre chose.
D'abord que le concept même de « diplomatie parlementaire » est un concept encore en construction, c'est-à-dire « inachevé ». De par le sens en chantier de ce concept, on s'aperçoit que la diplomatie parlementaire est basée sur des pratiques et des conditions qu'aucun agissement de Ghannouchi ne justifie. La diplomatie parlementaire telle que pratique, et toujours réévaluée en France, est basé sur des activités que « des députés » mènent sous la houlette du chef du parlement, ce dernier étant tenu d'être constamment en contact direct avec le patron de la diplomatie, à savoir le chef de l'Etat et son ministre des Affaires étrangères.
En Tunisie, Ghannouchi, en ne demandant l'avis, encore moins l'autorisation de la Présidence de la République, a engagé des contacts en dehors de toute la hiérarchie de la diplomatie tunisienne. Sans en référer à aucun bloc parlementaire, ni à un quelconque député plus ou moins versé dans ce genre de contacts.
Pire encore, le chef du parti Ennahdha ne s'est référé à aucune des institutions de son propre parti avant d'engager de tels contacts. Même pas avec les députés siégeant sous sa présidence à l'Hémicycle. Et pour couronner le tout, le chef d'Ennahdha, ou de l'ARP, selon l'ambiance de leurs conférences et points de presse, ces contacts ont toujours été tenus secrets en Tunisie, en ce sens qu'aussi bien dans le cas turc que celui libyen, ce sont les tierces parties de ces contacts qui les ont annoncés, en l'absence de toute mention dans les sites du parti Ennahdha et de l'ARP.
Indéfendable sur tous les tableaux!
C'est dans ce contexte que les deux orateurs de mardi ont tenu à donner leur version originale du contenu de l'ordre du jour de la séance d'interrogation du chef de l'ARP. Selon Bhiri et Yamina Zoghlami il s'agit tout au plus de « demandes d'explication » auxquelles Ghannouchi devrait apporter des réponses de nature à « éclairer » la lanterne des députés en mal de savoir.
Quelle que soit l'issue de cet épisode, et en l'absence de Cour Constitutionnelle, le parti islamiste ne manquera pas de sortir, à chaque fois qu'il se trouvera en difficulté, un lièvre de sa gibecière, afin d'esquiver les vagues de protestations qui commencent à le submerger.
L'épisode risque de trainer en longueur, tant que persistera les réserves et silences bruyants de la Présidence de la République et de son Conseil National de Sécurité.
L'autosuffisance des uns et des autres, et les points de vue nuancés de certains blocs ne sont pas faits pour durer. Car, dans ce genre de situation, le répit est synonyme de volonté de pourrissement, donc de mauvaise évaluation de la situation…à la base.


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