L'ESS est rentrée bredouille du Maroc : Plus qu'une simple défaite...    35% des Tunisiens privés d'un accès régulier à l'eau potable, alerte Houcine Rhili    Kia électrise l'IAA Mobility 2025 avec sa gamme 100% électrique    Flottille attaquée, communication coulée    De nouvelles nominations à la tête de plusieurs délégations régionales de l'éducation    Interdiction du produit ''lissage'' contenant de l'acide glyoxylique : mise au point de la directrice de la surveillance sanitaire    La ville de Douz accueille la 57e édition du Festival International du Sahara    La Bourse de Tunis sacrée « Africa's Best Exchange for Financial Literacy »    Seule Kasserine épargnée : toutes les autres régions sous le joug des perturbations    Cliquez ici pour consulter votre emploi du temps sur l'Espace Elève    Aujourd'hui : perturbations aériennes sur les vols Tunisie – France... préparez-vous    Bali frappée par des inondations meurtrières    Université Ibn Khaldoun : l'étoile montante des universités d'ingénieurs en intelligence artificielle en Tunisie    La rentrée du préscolaire vire à la crise : inscriptions en chute libre dans les jardins d'enfants    En Tunisie, 25 % des citoyens souffrent d'addiction    SOS Villages d'Enfants : 5 268 enfants se préparent à la rentrée scolaire    Commémoration ce samedi du 72ème anniversaire de l'assassinant du martyr Hédi Chaker    Approvisionnement en café vert : l'OCT ouvre ses stocks aux professionnels    Tunisie–Palestine : renforcement de la coopération dans le numérique et les TIC    Tunisie : prolongation des soldes d'été    Taxi collectif : la violence comme ligne de conduite    La crédibilité du pays en jeu : Faouzi Ben Abderrahman pointe la responsabilité des autorités tunisiennes    L'Etoile du Sahel recrute le défenseur kényan Alphonse Omija    Les Défis du Chott 2025 : cap sur la 28e édition dans le désert tunisien    Le chef de la diplomatie iranienne attendu, mercredi, à Tunis    Attaque sioniste contre Doha : La Tunisie dénonce « l'agression lâche » contre le Qatar    Météo : Orages et Baisse des Températures au Nord et au Centre    La cheffe du gouvernement effectue une visite officielle en Egypte    Al-Soumoud affirme qu'un nouveau navire de la flottille a été pris pour cible    Kaïs Saïed reçoit le ministre saoudien des Affaires étrangères    Port de Sidi Bou Saïd : La Garde nationale dément toute attaque contre un navire espagnol    Ahmed Ben Salah: un homme d'Etat au destin contrarié    Tunisie : 5 millions de dinars pour redonner vie à l'Institut Bab Jedid à Sousse    Dix penseurs du XXIe siècle pour décrypter le monde contemporain    Kaïs Saïed insiste sur la réforme de l'éducation et la simplification administrative en Tunisie    La Tunisie décroche son billet pour le Mondial 2026    Les Rencontres Internationales de la Photographie de Ghar El Melh font leur grand retour    Les films tunisiens The Voice Of Hind Rajab et Promised Sky concourent au BFI London Film Festival    Toutes les chaînes pour suivre le match des Aigles de Carthage    Nouveau séisme inquiète la population    La dépendance stratégique de l'Occident aux terres rares chinoises: Enjeux géopolitiques et perspectives    Kaouther Ben Hania décroche le Lion d'argent à la Mostra de Venise    « La Voix de Hind Rajab » bouleverse Venise et rafle six prix parallèles    Les funérailles de Mohamed Hajj Slimane auront lieu samedi à Gammarth    Violences dans les stades : le gouvernement muscle son jeu, le Parlement sur la touche ?    Le designer tunisien Hassene Jeljeli illumine la Paris Design Week 2025    Les pays les plus chers pour les expatriés en 2025    la destination la moins chère pour les expatriés en 2025    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Service… service, protocole après !
Publié dans Le Temps le 05 - 06 - 2020

Tantôt frénétique, tantôt timide, jamais pondérée, la ruée des Tunisiennes et des Tunisiens vers les fast-foods, restaurants, bars et cafés, à peine rouverts après une longue baissée de rideau, dictée par le corona-fléau, ballote, grosso-modo, en fonction du lieu-dit, ou d'un moment à l'autre de la journée, voire, carrément, au gré du qu'en-dira-t-on ! D'après clientes et clients, quand bien même se bouscule-t-on volontiers au portillon, ces espaces sont dangereusement bondés de monde : proclamés donc inapprochables. Côté propriétaires, ça a plutôt horreur du vide : on se plaint de gober des mouches à longueur de temps. N'empêche que, de part et d'autre, c'est le protocole sanitaire, jonglé seulement à l'approche d'un agent, qui reste, sans équivoque, quasiment lettre morte.
Mot décidément fort à la mode ces temps-ci, le « protocole », sanitaire à l'occurrence, désigne donc, de manière très générale, l'ensemble des précautions d'hygiène et les dispositifs de prévention qui devraient être mis en place, dans ce cas de figure, par les patrons des restaurants, bars et cafés, en vue d'éliminer tout risque de contamination au coronavirus dans ces espaces publics, dans le cadre de leur réouverture effective sur tout le territoire tunisien, lancée hier, jeudi 4 juin, après avoir été déjà autorisés à offrir des services à emporter, depuis le 26 mai dernier. En face, ce sont les mesures routinières de distanciation physique et les gestes dits « barrières », dont le port de masques, le mètre de sécurité et le lavage de mains, qui gagneraient pareillement à être appliqués par les clientes et les clients, à l'intérieur de ces lieux.
Le guide-âne du gouvernement !
Sur le papier, tout va pour le mieux, bien entendu, dans le meilleur des mondes. Le gouvernement s'est même bien démené pour concevoir puis décréter une liste, manifestement touffue et longue comme un jour sans pain, de consignes sanitaires à se faire respecter par les établissements concernés : nettoyage régulier et désinfection constante des différents espaces, équipements, comptoirs et services de tables, rinçage assidu à l'eau de javel et purification systématique des objets et des pièces de vaisselle touchés par les clients, aération permanente des lieux et prohibition de la climatisation artificielle, décidément vecteur de contamination, défense de laisser les portes fermées afin d'éviter tout toucher à l'entrée comme à la sortie, ouverture recommandée des terrasses histoire d'éviter la surcharge, interdiction de placer les poubelles à l'intérieur des établissements, impératif de se laver les mains après chaque contact ou règlement de la note par les serveurs, gérants et autres employés, renvoi immédiat de tout employé présentant des symptômes suspects, cætera, et cætera !
Climatisation et renvoi des employés à part, force, bien sûr, est de constater que bon nombre de ces consignes, notamment celles qui concernent l'hygiène, figurent déjà dans les cahiers de charge des divers établissements en question, censément sommés, en toute évidence, de les appliquer, avec ou sans coronavirus, sachant que la plupart ne sont, de facto, aucunement respectées, soit dit en passant, en temps normal.
Présentées quand même comme de véritables pense-bêtes, et toujours bonnes à rappeler de toute façon, ces consignes plus ou moins « mangeables » en pratique, sont encore enguirlandées par d'autres directives, complètement aberrantes, étant pour le moins impossibles à mettre en pratique sur le terrain.
Si le ridicule ne tue pas, le gouvernement tunisien enjoint, par exemple, les restaurateurs, cafetiers et autres barmans de placer directement les commandes sur les tables des clients et de proscrire le self-service, histoire d'éviter la surcharge devant les comptoirs, tout en interdisant, en même temps, qu'elles soient apportées par des serveuses et des serveurs, en vue d'éviter tout contact, raisonne-t-on. Faute de robots disponibles et adaptés à la situation et encore moins de fantômes disposés à venir en aide, on imagine mal comment ces commandes puissent-elles se mettre à table d'elles-mêmes ! Plus absurde encore, le gouvernement exige que les marchandises, caisses de provisions et autres fournitures livrées par les camions ou les voitures d'approvisionnement ne soient pas livrées aux établissements concernés… de main en main ! De même, elles se transporteront, bon pied, bon œil, d'elles-mêmes. Décidément, c'est fou ce que le gouvernement tunisien ait autant d'imagination !
Les oreilles d'un sourd !
Quoi qu'il en soit, toutes ces consignes et bien d'autres, y compris les plus raisonnables d'entre elles, tombent de facto, dans l'oreille d'un sourd. Car ni les propriétaires, ni les employé(e)s et encore moins les clientes et les clients ne semblent y prêter attention, du moins durant le premier jour de la réouverture « officielle », entamée ce jeudi 4 juin, de ces cafés, fast-foods, bars et autres restos, dont une bonne partie ont rouvert boutique et tournent déjà à plein régime, « officieusement », bien avant cette date.
De toutes les manières et après plus de deux mois pénibles et asphyxiants de confinement, il n'y a pas meilleur régal, pour la plus commune des Tunisiennes et pour le plus lambda des Tunisiens, que de sortir se calmer le pompon devant une bonne tasse de café bien serré, servie de la plus belle eau, à la cafétéria du coin ; ou de courir se taper la cloche avec une bonne pizza cuite au feu de bois dans le fast-food le plus proche ; si ce n'est de descendre se caler les joues avec un succulent plat tunisien, chamarré au thon et empanaché de câpres, concocté à la gargote blottie au bout de la rue ; voire d'aller se rincer la dalle avec une bière bien fraîche dans le bar d'à côté, en trinquant à la santé de tous ceux qui survivent au corona-fléau, dans nos contrées et dans bien d'autres.
Pour les Tunisiennes et les Tunisiens, c'est ce qui se fait vraiment de mieux à l'heure actuelle, à l'heure où un retour tant espéré et tant attendu vers le futur est plus que jamais d'actualité sous nos cieux. Le protocole peut alors aller au diable, tant que c'est la réouverture très prochaine des frontières qui inquiète, en réalité, les Citoyennes et les Citoyens, beaucoup plus que celle des cafés, bars et restos ; lesquels étant actuellement convaincus que si le coronavirus se décide un jour de refrapper encore, eh bien ce sera plus à bord d'un avion ou d'un bateau qu'il débarquerait, que sur un sandwich ou dans une tasse de café.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.