La Fédération Tunisienne de l'Hôtellerie vient d'annoncer que, durant les huit premiers mois de l'année 2011, les performances des unités hôtelières furent inférieures de moitié par rapport à celles de l'année dernière. Elle exprime par ailleurs son inquiétude pour l'image de la Tunisie auprès des touristes à cause de la situation sécuritaire, encore peu rassurante, qui prévaut dans le pays. A entendre ces déclarations, alarmantes et d'une certaine manière accablantes pour les autorités et les citoyens à la fois, on pourrait croire que nos hôteliers n'ont rien à voir dans la crise que connaît leur secteur avant même la Révolution. On serait également tenté de penser que ces derniers sont les premiers à préserver l'image du pays auprès de nos hôtes étrangers. Or, les témoignages sont nombreux qui dénoncent l'accueil médiocre, le service incompétent et les équipements défectueux ou manquants dans plusieurs unités hôtelières tunisiennes. On y déplore également la pratique de tarifs encore très élevés, donc peu compétitifs, et qui n'incitent guère le consommateur local à pallier le manque d'arrivages étrangers.
3 dinars 500 pour un centilitre de café
A ce propos, nous avons jeudi dernier accompagné un ami dans un grand hôtel situé en plein cœur de Sousse. Le bar du hall accueillait alors plus de cent clients en majorité tunisiens et non jeûneurs. On leur servait essentiellement de l'eau, du café, du jus et des boissons non alcoolisées. Pour sa part, notre ami commanda un capucin. Quand il fut servi, notre compagnon s'empressa de payer sa consommation. Quelle ne fut sa surprise lorsque le garçon lui demanda trois dinars 500 millimes contre ce café d'à peine un centilitre, au goût louche, quasiment sans lait et servi dans une tasse des plus ordinaires. Nous demandâmes au serveur une explication de ce tarif pour le moins inconséquent, alors il nous répondit que c'était là une question à poser à son employeur. Nous nous contentâmes de la poser au gérant du bar qui, tout de suite, nous montra une misérable pancarte posée à même le comptoir sur laquelle on avait écrit (mal et à la main) les « nouveaux » tarifs des cafés à compter du 15 aout 2011. En effet, la direction de l'hôtel a décidé de majorer de plus de 100 % le prix du capucin, de l'express et de l'allongé. A titre d'exemple, notre capucin, qui ne coûtait qu'un dinar 500 millimes le 14 aout 2011, se vendait le jour suivant à 3 dinars 500 ! Comme ça, l'hôtel fait ce qu'il veut avec les prix et, du jour au lendemain, impose à ses clients (autochtones pour la plupart) des augmentations de tarifs inadmissibles en période de surbooking comme en temps de crise. Pourquoi les cafés seulement ? Parce que c'était là ce que le bar servait en grande quantité pendant le mois du jeûne. De telles pratiques sont-elles de nature à valoriser l'image touristique de la Tunisie ? Et l'on s'étonne après cela que les touristes nous fuient ! Les membres de la Fédération Tunisienne de l'Hôtellerie le savent bien : la Révolution et le climat d'insécurité qu'elle a généré ne sont pas les seuls facteurs qui expliquent la chute des chiffres d'affaires des hôteliers. On ne peut pas proposer à trois dinars un peu d'eau de robinet chaude et un sachet de verveine et crier à la faillite lorsque les clients boudent votre établissement ou portent plainte auprès du Ministère du Tourisme.
« Self-sévice » !
Nous avons choisi de parler de cet hôtel de Sousse parce que la Perle du Sahel est l'une des meilleures destinations touristiques du pays. Et là-bas, en ce moment, l'accueil et le service laissent beaucoup à désirer un peu partout. Comme dans ce café situé sur la même grande avenue de la ville et où, pendant le mois de Ramadan, l'unique serveur se poste derrière son comptoir et n'en bouge point quoi qu'il arrive. Chaque client y fait son self-service et s'installe là où il y a de la place sans rechigner. S'il a envie de manger quelque chose de salé, le cafetier a engagé à cet effet un drôle de gargotier installé dans un coin à l'intérieur du local et qui sert de petites portions de casse-croûtes à un dinar 200 millimes l'une. Pour la garniture de cette fraction de sandwich rudimentaire, le marchand vous propose quatre variétés d'harissa, des miettes émiettées de thon et une poussière d'œuf dur. Si cela ne vous plaît pas, monsieur le non jeûneur, allez vous sustenter ailleurs. C'est-à-dire là où vous ne serez ni mieux servi ni moins plumé !