Emmanuel Macron et Edouard Philippe réunissaient hier syndicats et patronat en quête de solutions pour préserver l'emploi, durement touché par la récession liée à la crise du coronavirus, l'exécutif misant en parallèle sur le déconfinement en cours pour relancer l'activité. Les revendications syndicales (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa) et patronales (Medef, CPME, U2P, FNSEA) risquent d'être nombreuses, voire divergentes, alors que les indicateurs macroéconomiques sont tous au rouge : le gouvernement anticipe une chute du PIB de 11% cette année en raison du "choc économique extrêmement brutal" provoqué par l'arrêt quasi total de l'économie. "Il s'agira de travailler à ce qui peut être fait pour préserver l'emploi et l'accompagnement des plus fragiles, notamment les jeunes entrant sur le marché du travail", a précisé la présidence, à propos de cette réunion qui a démarré à 15H00. Le déficit public français va se creuser à 11,4% du PIB cette année, contre 3% en 2019, a annoncé jeudi Gérald Darmanin, le ministre des Comptes publics. Plus de huit millions de personnes sont au chômage partiel et plus de six millions de demandeurs d'emploi ont été comptabilisés par Pôle emploi en avril, du jamais vu en France. Et la situation devrait s'aggraver: mardi, Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, a anticipé que la France "repassera les 10%" pour le taux de chômage, contre 8,1% avant l'épidémie. Boussole de l'emploi, le secteur de l'intérim a plongé de 61% en avril, selon des chiffres publiés hier par la fédération des entreprises du secteur. Les attentes sont donc grandes depuis mardi où le déconfinement a connu un coup d'accélérateur, avec la levée de l'interdiction de se déplacer à plus de 100 km, ou encore l'ouverture des cafés, restaurants et petites salles de spectacle. Le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, a par ailleurs dit jeudi espérer que le protocole sanitaire puisse être assoupli "bientôt" dans les écoles. Au menu des discussions de cette troisième réunion depuis le confinement - pour la première fois en "présentiel" à l'Elysée et non en vidéoconférence -, "l'apprentissage, l'activité partielle, l'assurance chômage", selon Marylise Léon, numéro deux de la CFDT. Côté apprentissage, il y a urgence. Sans soutien de l'Etat, les acteurs de l'alternance s'attendent à une chute de 20 à 40% des offres d'apprentissage proposées par les entreprises. Côté assurance chômage, tous les syndicats demandent depuis le début de la crise l'abandon de la réforme. Son deuxième volet, qui durcit le calcul de l'allocation pour les travailleurs alternant contrats courts et périodes de chômage, a déjà été reporté au 1er septembre. Ces derniers jours, le gouvernement a multiplié les appels aux entreprises pour mettre en place des "accords de performance collective", un dispositif qui permet d'aménager la rémunération, la durée de travail et la mobilité des salariés pour préserver l'entreprise et l'emploi. Il permet "de se dire +plutôt qu'il y en ait 20% qui perdent leur emploi, on va pendant quelque temps baisser le temps de travail, donc la rémunération+", a plaidé dimanche Muriel Pénicaud, présente à la réunion à l'Elysée avec Bruno Le Maire (Economie), Gérald Darmanin, Didier Guillaume (Agriculture) et Laurent Pietraszewski (Protection de la santé des salariés contre le Covid-19). Mais les syndicats voient d'un mauvais oeil cette "solution". C'est ce qu'a l'intention de dire à Emmanuel Macron Yves Veyrier, le secrétaire général de FO, pour qui "opposer les salaires à l'emploi serait la plus mauvaise réponse à apporter".