Décriée, mais pour la forme, la dépendance scientifique et technologique de la Tunisie à l'égard de l'étranger, a tout l'air de s'éterniser, car à ce qu'on dit, elle est voulue et imposée ! Pourtant le pays ne manque pas de compétences qui l'ont prouvé, dans cette crise du Covid-19. Malheureusement, le plus souvent, plusieurs compétences sont parties monnayer les résultats de leurs découvertes, sous d'autres cieux. Un cadre retraité d'un ancien établissement public spécialisé dans le montage et la vente des téléviseurs de marques étrangères, en Tunisie, du temps du premier président de la république tunisienne, Habib Bourguiba, dans les années 1970 et début des années 1980, nous a dit récemment que ce dernier avait refusé, sous la pression d'un partenaire européen, de donner son aval à un projet de mise au point et de fabrication d'un téléviseur à 100% tunisien. Un autre commentateur a évoqué le démantèlement en silence de l'Institut tunisien des études atomiques dont la Tunisie s'était dotée tout au début des années 1960, pourtant en étroite collaboration avec l'Agence internationale de l'énergie atomique. La pandémie mondiale de coronavirus qui s'est déclenchée en décembre 2019, est venue remettre à nu la gravité de cette dépendance scientifique et technologique pour la sécurité de la population et pour la sécurité nationale en général. Aussi, quelques analystes expérimentés dont l'ancien ministre de la fonction publique, Kamel Ayadi, ont appelé, à cette occasion, à assurer notre indépendance vis-à-vis de l'étranger dans les secteurs stratégiques, comme ceux de la science, de la technologie et de la santé. Il avait mis en garde contre le pari fragile sur la solidarité internationale, mise constamment en échec à chaque fois que le monde se trouve face à une crise d'envergure internationale, à l'instar de la crise financière de 2008 et 2009, ou encore celle créée, en ce moment, par la pandémie de coronavirus. Echanges Cette indépendance, selon tous ces analystes et commentateurs, passe par la réalisation de la sécurité scientifique et technologique qui n'exclut pas les échanges d'égal à égal, sans réserves à l'inverse des grandes puissances scientifiques et technologiques qui filtrent soigneusement le transfert scientifique et technologique et cherchent, comme dans les échanges économiques et commerciaux, à ce qu'il soit dans leur seul avantage. La société est totalement dévouée à cette cause, comme l'attestent l'accueil et le soutien favorables aux quelques initiatives timides mais louables, entreprises ici et là pour se doter de moyens nationaux de lutte contre la pandémie, telle que celle menée par l'Ecole nationale d'ingénieurs de Sousse en vue de la fabrication de respirateurs artificiels et générateurs d'oxygène. 1000 pièces ont été commandées par les autorités et quelques-unes ont déjà équipé l'hôpital Farhat Hached de Sousse.