A peine remis du choc financier du mouton de la fête rituelle du sacrifice (Aïd El Idha), les Tunisiens ou du moins les branchés parmi eux se trouvent confrontés aux dépenses des fêtes de fin d'année qu'ils ont pris l'habitude de célébrer avec autant de pompes que leurs voisins européens. Un peu atténuée, ces dernières années, par le chevauchement de l'événement avec le mois saint de Ramadan, la fièvre du Nouvel An a, ainsi, repris, chez nous, de plus belle pour un long bout de temps, au grand bonheur des commerçants, hôteliers et restaurateurs, à l'affût des bonnes affaires que les grandes occasions de la vie collective et individuelle, leur ont, toujours, fournies.
Santé et joie de vivre, mais à quel prix ? La ruée vers les achats des produits demandés a, déjà, commencé, notamment dans les grandes surfaces et les hypermarchés de la Capitale , Tunis, qui ont pris soin de s'apprêter, comme il se doit, à la circonstance, en aménageant leurs espaces selon la tendance du jour, avec des propositions de ''grande promotion.'' Ainsi, de véritables stands internes ont été, cette année, réservés aux chocolats et confiseries, avec une bonne place aux produits des grandes marques internationales réputées dans ce domaine et dont on ignorait, il y a quelque temps, sous nos cieux, jusqu'à l'existence. Au même moment, sur les supports publicitaires des journaux et par divers autres moyens de promotion commerciale, le grand chœur des hôtels et restaurants du pays a engagé sa traditionnelle compétition annuelle pour ''les meilleurs offres'' de soirée de Réveillon, véritable clou de l'événement et apothéose transformée souvent en cauchemar pour les réveillonneurs lorsque, le lendemain, '' s'en va l'ivresse et revient la tristesse'', comme le dit si bien un proverbe tunisien. C'est ce retournement brusque de situation que beaucoup de citoyens, interrogés, disent, principalement, craindre. ''J'aime bien faire la fête, synonyme de santé et de joie de vivre, mais l'esprit d'exploitation commerciale à outrance qui l'entoure l'a rendue amère, nous a confié un jeune cadre, rencontré avec son épouse dans une grande surface, ajoutant que ceci est valable aussi bien pour la fête mondiale de fin d'année que pour nos propres fêtes. Pour un autre citoyen, enseignant dans une école préparatoire, les Tunisiens se sont pris au piège, en cherchant à célébrer, quoiqu'il en coûte, toutes les grandes occasions qui viennent à se présenter, car, à ce rythme, a-t-il indiqué, en accumulant les fêtes religieuses et rituelles, le mois de Ramadan, les mariages, les naissances, les circoncisions, les fiançailles, les invitations, les vacances d'été, les sorties hebdomadaires du week-end et autres nouvelles coutumes contractées, tous les jours de l'année se trouvent être des fêtes, pour les Tunisiens, et nécessitent des dépenses supplémentaires. Idée judicieuse, mais un économiste confirmé n'hésite pas à défendre le rôle essentiel qui revient à la consommation publique et privée dans l'impulsion des activités économiques et commerciales de tout ordre, au profit de l'ensemble des citoyens. Les pays occidentaux doivent la prospérité économique et sociale qu'ils connaissent, aujourd'hui, pour une très grande part, à l'encouragement continuel de la production et de la consommation, à la fois, en tâchant de réaliser des croissances sans inflation, ni sous-emploi, ni dérapages, non plus.