p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 13px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"LE TEMPS - Jameleddine EL HAJJI p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"La journée de la Femme, le 13 août 2020 aura cristallisé une bonne part des règlements de comptes entre les différentes parties « prenantes » de la classe politique, juste au seuil d'une nouvelle étape, pour le moins hasardeuse, quelques semaines avant la rentrée de tous les dangers. Cette journée nous a mis devant une réalité que l'atmosphère générale étalait depuis les dernières échéances électorales. D'apparence, l'enjeu était la femme. Non pas en tant que citoyenne, mais qu'instrument de raclage politique de la plus basse gamme. Le discours du chef de l'Etat en est la démonstration la plus éloquente. Au lieu d'une allocution unificatrice et apaisante, nous avons eu droit à une leçon pédagogique, bâclée à plusieurs égards, et qui a approfondi les dissensions entre les forces politiques en présence. La matière était le Code du Statut Personnel (CSP), plus précisément le chapitre de l'héritage. Avec comme centre d'« intérêt », la femme. Dans son exposé, le Président Kaïs Saïed s'est empressé d'opposer le concept de justice à celui d'égalité. Selon sa logique, le concept d'égalité est une notion statique, presque dogmatique, qui peut être « décrétée » sans difficulté, prendre la forme d'un texte parachuté sur une réalité sociale qui n'évoluera pas nécessairement dans le même sens escompté. Tandis que la justice est une œuvre de construction de valeurs et de comportements que la société doit investir, sous forme d'émancipation générale, de façon à ne pas tomber dans un clanisme qui se nourrit, à défaut de bon sens, loin des objectifs du mouvement intentionnel de la société. A ce niveau, il ne s'agit pas d'une bataille de textes, que l'on jette à une volonté politique parfois hostile, à leur esprit même. Des textes que l'on tue simplement en les ignorant, ne serait-ce que le temps d'un mandat, à des fins purement politiques, dans un paysage fait de partis foncièrement idéologisés, voire fanatisés sur des concepts qui ne sont plus nécessairement de ce temps. Les féministes, fanatiques rêveurs Dans ce contexte, Kaïs Saïed n'a pas manqué de lancer un coup de griffe aux féministes fidèles à ce schéma d'action, par leur militantisme associatif bruyant, mais complètement déconnecté du dynamisme d'une société qui, certes est riche en cadres citadins, mais qui présente aussi des pans entiers de femmes, dont les cultivatrices de Boussalem, qu'il a visitées dans la matinée du 13 août. Une affirmation que les réseaux sociaux se sont empressés d'enrichir avec leurs chiffres mortifères. Plus de 90% du personnel agricole dans ces régions sont des femmes. 6% au plus des femmes sont propriétaires terriennes dans cette région. De ce fait, selon Saïed, la justice, qui s'impose comme une priorité, si elle est prise à bras-le-corps, est de nature à transformer le droit de la femme, avec toutes ses ramifications (y compris l'héritage), en un droit acquis et mérité, non pas grâce aux revendications, mais à l'évolution irréversible du mouvement et des configurations sociales en marche. Sur ce point, le chef de l'Etat semble mettre sur une voie commune les féministes de tous bords, et les islamistes qui tentent de faire de leur lecture subjective, biaisée et politisée, « la » référence immuable à l'interprétation du texte coranique. En affirmant que le Coran n'a pas admis d'égalité absolue entre l'homme et la femme, Kaïs Saïed semble s'attaquer d'une manière frontale à la littérature des Frères musulmans, et plus précisément Ennahdha « tunisienne » en la matière. Dans ce contexte, l'orateur a omis de citer le verset qui conditionne l'égalité en islam : « Dis, sont-ils égaux ceux qui savent et ceux qui ne savent pas ? ». Cette condition du « savoir » fait de l'égalité une utopie, qui, en rien ne peut être fondatrice de justice. L'exemple le plus criant dans ce contexte est l'article 1er de la Constitution américaine : L'homme nait libre. Sous-entendu : Et qu'il se démerde par la suite. Loin des institutions de l'Etat qui, dans cette configuration, n'auront de rôle que d'arbitrer cette guerre d'égoïsmes et de lobbies dont la caractéristique première est le changement perpétuel. C'est ainsi qu'intervient la justice en Amérique. Chez nous, les interprétations du Coran, présentant la société comme un tissu statique et immuable, nous ont produit la justice que nous avons. Celle qui est aux ordres des plus forts, consacrant justement l'injustice et l'inégalité comme politique de l'Etat, aux mains du parti « vainqueur » au élections, fût-ce avec 20% de députés. Procès du rigorisme Frère musulman d'Ennahdha Aujourd'hui en Tunisie, les chiffres nous mettent devant une réalité prometteuse : Par les chiffres, la femme est en train d'occuper de plus en plus de terrains jadis fermés par les mêmes interprétations rigoristes des textes religieux, de la part de ceux qui défendent aujourd'hui la lettre du Coran, sans autre forme d'Ijtihad. Ainsi, Kaïs Saïed a renvoyé dos à dos les idéologues du féminisme de gauche et les rigoristes islamistes, en les taxant franchement d'incapacité d'adaptation aux changements en cours d'accumulation au sein de leur propre société. Pour conclure à la fausseté du problème à la base. Puisque les citoyens ne sont pas « égaux » devant la propriété, laquelle est devenue infiniment multiforme. En s'attaquant à ce simplisme idéologique religieux et gauchiste, Kaïs Saïed s'est élevé contre cette « coutume » qui s'est installée en Tunisie depuis l'indépendance. Le point culminant de sa révolte, il l'a exprimé en les termes les plus simples de son intervention : L'Etat n'a pas de religion. La religion étant l'apanage exclusif de la personne physique. A ce titre, la femme tunisienne, au rythme où elle évolue, ne manquera pas d'arracher des droits bien plus consistants que celui de l'héritage, rien que par son émancipation citoyenne. Comme pour dire que la bataille est ailleurs. Au cœur de la société, mais ni dans les mosquées, ni dans les « réceptions et les activités associatives financées de l'étranger ». C'est un nouveau débat, sur de nouvelles bases, auquel le Président Kaïs Saïed invite les idéologues tunisiens, de gauche comme de droite. Une idée nouvelle qui fait son entrée. Par-delà le tollé que cette vision a provoqué, on peut dire que le débat sur cette question, et bien d'autres, ne fera qu'enrichir la scène culturelle, et la soustraire au règne de la médiocrité où elle baigne depuis 2011. p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"