Sans perdre de temps, Donald Trump a retrouvé hier le chemin de la campagne présidentielle au lendemain d'une convention républicaine très offensive contre Joe Biden, suivi prochainement par son adversaire démocrate qui a annoncé son grand retour à travers les Etats-Unis après des mois de quasi-confinement. Le président américain, candidat à un second mandat à l'élection du 3 novembre mais à la peine dans les sondages, devait se rendre dans le New Hampshire, un Etat du Nord-Est qu'il avait perdu d'un cheveu en 2016. Il devait y prononcer un discours devant des sympathisants, tentant de renouer avec les estrades même si la crise sanitaire l'empêche d'organiser les grands meetings qu'il affectionne. Le message est désormais connu : le milliardaire républicain l'a martelé jeudi soir en acceptant l'investiture pour la présidentielle dans un discours controversé prononcé en direct depuis la Maison Blanche - ce qu'aucun de ses prédécesseurs n'avait osé faire. L'ex-magnat de l'immobilier a promis de "défendre le mode de vie américain" dont le candidat démocrate de 77 ans serait au contraire le fossoyeur. Dépeint en marionnette de la "gauche radicale", l'ancien vice-président de Barack Obama a été la cible omniprésente du président sortant et de ses alliés tout au long de cette convention de quatre jours. Mais Donald Trump, qui répète à l'envi que les sondages actuels se trompent comme ils s'étaient trompés avant sa victoire-surprise d'il y a quatre ans, semble miser aussi sur un autre atout: l'annonce possible d'un vaccin contre le Covid-19 avant le scrutin, qu'il a clairement laissé miroiter jeudi soir. S'exprimant dans les jardins de la présidence devant un parterre de partisans sans grande distanciation physique et avec peu de masques, Donald Trump a montré son impatience de tourner la page du coronavirus, qui a laminé une économie américaine jusque-là florissante, le privant de son principal argument électoral. L'ex-homme d'affaires new-yorkais ne cesse d'ailleurs de railler son rival, surnommé "Joe l'endormi", pour être resté strictement confiné chez lui, dans le Delaware, pendant plus de deux mois au printemps, avant de n'en sortir que de manière extrêmement limitée. Critiquée par les républicains car elle protège un candidat moins dynamique et connu pour ses gaffes, cette stratégie a pour l'instant profité à Joe Biden, en avance de sept à huit points en moyenne dans les sondages nationaux mais également en tête dans la plupart des Etats-clés qui décideront de l'élection, même si parfois de peu. La convention démocrate, la semaine dernière, entièrement virtuelle au nom de la lutte contre le virus, a même illustré sa volonté de faire de cet esprit de responsabilité un argument de campagne. Mais le vieux routier de la politique peut à la longue prêter le flanc aux critiques, comme lorsqu'il a évité de se rendre dans le Wisconsin, où une victoire sera cruciale le 3 novembre, alors même que c'était théoriquement le théâtre de la convention de son parti. Il a ainsi créé la surprise en annonçant jeudi qu'il reprendrait sa campagne de terrain dans les Etats-clés, en personne. Alors que Donald Trump entend encore accélérer d'ici le premier débat entre les deux hommes, le 29 septembre, la reprise des déplacements de Joe Biden se fera toutefois à son rythme: après Labor Day, la fête du Travail américaine, qui tombe cette année le 7 septembre.