Le paysage politique ne prête pas à l'optimisme, certes, et il faut s'accrocher à toute planche de salut possible qui sera à la portée. Mais, à voir les tiraillements politiques actuels qui ont atteint un point de non-retour, aucune planche ne pointe à l'horizon et le pays navigue dans le noir, avec tout le pessimisme qui en découle. Depuis près d'un mois, on dispose d'un gouvernement présidé par Hichem Méchichi. Toutefois, à voir ce qui a été accompli ou, même entamé, le sentiment est que le pays n'est pas près de sortir du gouffre. Tout avance lentement ou pas du tout, avec des ministres qui ne maitrisent pas, encore, la situation. A cela s'ajoute les conflits au sommet de l'Etat, d'une part entre Kaïs Saïed et Ghannouchi, de l'autre, entre le président de la République et celui du gouvernement, sans oublier les pressions de la nouvelle troïka, sur Hichem Méchichi et celles du Parti destourien libre (PDL) qui fait cavalier seul. C'est un vrai paysage apocalyptique qui sème le désarroi chez les citoyens qui ne croient plus à rien, même aux mesures prises pour contrecarrer la propagation du Covid-19 dont la progression est devenue de plus en plus alarmantes, surtout avec le manque de moyens dans les structures hospitalières. Et, sans vouloir pousser au désespoir, on doit rappeler, aussi, que de nombreux autres dangers sont aux aguets, notamment le terrorisme et la crise libyenne à nos portes, en plus de l'état de l'économie, la crise du Covid-19, ainsi que les crises sociales et le chômage qui sont des bombes à retardement. Il ne faut pas oublier, aussi, la contrebande, la corruption, les malversations qui sévissent, dans l'impunité, et contre lesquels la lutte n'est plus une priorité des pouvoirs publics. Comment peut-on penser qu'il est possible de remédier à cette situation, si les décideurs politiques ne sont pas conscients de la gravité de la situation ? Le torrent va tout emporter, alors que nous restons les bras croisés. Le président de la République menace, mais ne fait rien, le chef du gouvernement a les mains liés... et l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) affute ses armes pour sa guéguerre interne, à partir de cette semaine, avec un président du parlement, Rached Ghannouchi, de plus en plus contesté, même dans son parti. Pour établir une plateforme pour le salut, il faut assainir le climat et savoir trancher dans le vif, dans tout ce qui empêche la roue de tourner dans le bon sens.