Les dirigeants de l'UE ont donné hier leur feu vert pour sanctionner le régime au pouvoir en Biélorussie, mais pas son président Alexandre Loukachenko. Les dirigeants européens se sont également accordés sur un message de fermeté assorti de menaces de sanctions à l'encontre de la Turquie, à l'issue d'âpres négociations. Les 27 chefs d'Etats et de gouvernements de l'Union européenne sont réunis hier à Bruxelles pour le deuxième jour d'un sommet spécial consacré en grande partie aux relations extérieures. Les 27 ont décidé cette nuit de sanctions très attendues à l'encontre des autorités biélorusses mais ils ont surtout eu un très long débat au sujet de leurs relations avec la Turquie et de tous les différends qui les opposent avec Ankara (forages en Méditerranée orientale, embargo sur les armes pour la Libye et conflit du Karabagh). Les dirigeants de l'UE ont donné leur accord pour sanctionner les responsables de la répression en Biélorussie. Ces sanctions concernent une quarantaine de responsables biélorusses. « Nous avons décidé la mise en œuvre des sanctions contre les responsables de la répression en Biélorussie », a annoncé le président du Conseil Charles Michel au cours d'une conférence de presse commune avec la présidente de la Commission Ursula von der Leyen. Loukachenko pas sanctionné Avec cet accord, « nous sommes crédibles », a-t-il insisté au terme du premier jour de ce sommet consacré aux relations internationales et destiné à affirmer le rôle de l'Europe comme « puissance géopolitique ». Il a précisé que le président Alexandre Loukachenko ne figurait pas sur la liste qui comprend « une quarantaine de noms ». Ces sanctions seront « effectives dès vendredi (hier) » 2 octobre, a-t-il assuré. Et la liste n'est pas fermée. « Si ça se durcit, on ne s'interdit pas de mettre Alexandre Loukachenko sous sanctions », a assuré le président français Emmanuel Macron au cours d'un point de presse. Ces sanctions étaient réclamées par l'opposition bélarusse. « Cela pourrait nous aider beaucoup », avait plaidé ce jeudi sa cheffe de file, Svetlana Tikhanovskaïa, réfugiée en Lituanie après avoir contesté le résultat de la présidentielle du 9 août. Avertissements à Ankara Le principe de sanctions avait été approuvé il y a plusieurs semaines, mais l'unanimité des Vingt-Sept était requise pour leur mise en œuvre. Or, Chypre conditionnait son accord à une prise de position ferme de l'UE contre les violations de ses eaux territoriales par la Turquie. Chypre a tenu bon et a continué à utiliser le levier qui était à sa disposition en mettant son veto aux sanctions à l'encontre de la Biélorussie tant qu'une ligne ferme n'était pas adoptée vis-à-vis de la Turquie. Le président chypriote Níkos Anastasiádes a finalement obtenu gain de cause après plus de sept heures de « discussions passionnées ». Dans ce conflit en Méditerranée orientale, où la Turquie, la Grèce et Chypre se disputent des gisements d'hydrocarbures, l'UE a adopté une double approche vis-à-vis d'Ankara : améliorer certaines coopérations et relancer l'union douanière mais à condition que la Turquie cesse ses forages illégaux dans les eaux de Chypre, a expliqué Charles Michel. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a été invité à « saisir cette offre » et les dirigeants de l'UE sont convenus de juger « avant la fin de l'année si des développements positifs ont été enregistrés », a affirmé Charles Michel. De son côté, Emmanuel Macron avait prévenu : « La solidarité à l'égard de la Grèce et de Chypre est non négociable. » Pour parvenir à ce résultat, il aura fallu un long débat agité entre – d'un côté – la volonté d'en découdre de Chypre, de la Grèce aussi, le tout avec le soutien marqué de la France et de l'Autriche et – de l'autre côté – la nécessité selon l'Allemagne (qui a une très importante population turque) de maintenir ouvert le dialogue.