Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a ordonné hier au ministère de l'Intérieur de mettre fin aux troubles qui ont éclaté à Minsk après sa réélection contestée. "Il ne doit plus y avoir de troubles d'aucune sorte à Minsk. Les gens sont fatigués. Les gens exigent la paix et la tranquillité", a-t-il déclaré, selon l'agence de presse Belta Sa reconduction au pouvoir, qu'il détient depuis 26 ans, a donné lieu à des manifestations sévèrement réprimées. Le chef de l'Etat a également ordonné un renforcement de la sécurité à la frontière pour empêcher l'intrusion de "combattants et d'armes". L'opposante Svetlana Tikhanoskaïa avait auparavant appelé l'Union européenne à ne pas reconnaître les résultats de la présidentielle du 9 août, selon elle entachée de fraudes. L'ex-candidate réfugiée en Lituanie a lancé cet appel en anglais dans une vidéo diffusée avant l'ouverture à la mi-journée d'un sommet européen extraordinaire en visioconférence consacrée à la Biélorussie. "La violence doit cesser et un dialogue pacifique et inclusif doit être entamé. La présidence de la #Biélorussie doit refléter la volonté du peuple", a écrit Charles Michel, président du Conseil de l'UE, dans un tweet annonçant le début du sommet. L'Union a l'intention d'exprimer "la condamnation et le rejet" de l'administration d'Alexandre Loukachenko, a quant à lui déclaré Josep Borrell, porte-parole de la diplomatie de l'UE, contestant la légitimité du chef de l'Etat. Mise en garde russe L'UE a déjà exprimé son intention de sanctionner les responsables des fraudes électorales et de la répression. Les présidents du groupe de Visegrad, qui réunit Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie, ont quant à eux appelé mercredi dans un communiqué commun les autorités biélorusses à "ouvrir la voie à une solution politique" et les ont invitées à respecter les libertés fondamentales et à limiter le recours à la force contre les manifestants. De son côté, la ministre suédoise des Affaires étrangères, Ann Linde, a proposé d'organiser une visite à Minsk dans le cadre de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), dont son pays doit prendre la présidence tournante en 2021. Les condamnations européennes sont vues d'un mauvais oeil à Moscou où le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a jugé mercredi qu'aucune médiation internationale n'était nécessaire en Biélorussie et a dénoncé les ingérences étrangères. Vladimir Poutine, qui avait proposé une aide militaire à son homologue biélorusse dans le cadre des accords de défense bilatéraux, avait mis en garde mardi la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Emmanuel Macron contre toute intervention en Biélorussie.